Les structures sont simples : une batterie scande un rythme différent sur chacun des morceaux, un rythme pas si évident que ça, et s'y tient ; un synthétiseur analogique distille des ondulations répétées et variables ; un peu de percussions ; un peu de voix ; un peu de guimbarde. Il y a aussi le son, sa limpidité, ses dynamiques, une remarquable mise en espace. Chaque instrument est manipulé avec une grande sensibilité. Les structures sonores en mouvement sont captées et restituées avec une exactitude permettant leur déploiement pour un impact très fort, mais toujours dans la délicatesse.
Véronique Vilhet à la batterie et Dominique Grimaud aux synthétiseurs créent ainsi une musique d'apparence abstraite mais profondément expressive, traversée de résonance de bols tibétains imaginaires, d'ondes électroniques et de tambours cérémoniels tout en retenu. Les titres d'AAHH!! s'écoutent et se réécoutent pour le plaisir d'entendre ces sons, mais aussi pour tenter de comprendre ces étranges rites qui se mettent en place. Ils ne sont pas vraiment religieux, plutôt industrieux, tels des artisans de la matière, du fer, du bois ou des peaux, suivant méticuleusement les étapes d'un mystérieux processus de fabrication.