Cet album solo d'Hélène Breschand se présente sous la forme d'un digipack cartonné orné de photos noir et blanc. L'une d'elles montre une carcasse de bagnole dans une église abandonnée aux tagueurs. Le décor est planté. Il se situe plutôt du côté de Crash de Cronenberg que du Goût du saké d'Ozu. Même si les sonorités de la harpe d'Hélène Breschand peuvent prendre des allures de koto japonais (voire aussi de sanza africaine) elles ont surtout un aspect rêche et tranchant. Elles semblent évoluer dans des espaces où l'activité humaine est devenue sporadique, fantomatique. Il n'y a guère que Zeena Parkins avec sa harpe customisée à s'être aventurée à démystifier cet instrument fortement chargé d'allégories romantiques. Quelques pluies de notes éparses évoquent encore ce mythe antédiluvien. Elles sont simplement un élément parmi d'autres d'une palette sonore pouvant être enrichie à l'infini par l'utilisation de l'archet, du sampling en temps réel ou encore par l'électrification. Les vibrations que nous adresse la harpiste se font tour à tour agressives, mélancoliques, introspectives, violentes, alors que, de temps à autres, Hélène Breschand vient nous chuchoter des jeux de mots poétiques au creux de l'oreille. Le Goût du sel est édité par le bien nommé label D'Autres Cordes.