CAMIZOLE

1975 (Ar(t)chiv', 2015)

CAMIZOLE 1975 (Ar(t)chiv', 2015)

C'est une cassette audio rouge dans un boîtier de carton rigide. Elle est accompagnée de fac-similés couleurs d'affiches, d'articles d'Actuel et même d'un badge. Camizole 1975 est une belle "pièce de collection", un mini-musée portatif de la taille d'environ deux grosses boîtes d'allumettes.

Theodor W. Adorno aurait adoré fouetter ce fétichisme... Theo aurait-il détesté Camizole, autant qu'il détestait le jazz ? Mon ami, quelle question saugrenue... Pour les jeunes générations à peu près nées avec "la crise"* (le premier choc pétrolier de 1973) Camizole était seulement connu sur disque pour ses happenings assez sauvages publiés par Spalax en 1999. Mais on savait aussi que Camizole fut ensuite un duo de "synthétistes" composé de Dominique Grimaud et Bernard Filipetti. Et même qu'en leur temps ils avaient capté l'attention de Klaus Schulze qui envisagea de publier un enregistrement live d'eux (les courriers échangés sont inclus dans le petit coffret). Ce ne fut pas fait, donc.

L'enregistrement, le voici. Il sonne merveilleusement bien en cette période du retour de l'analogique. Camizole 1975 surprend par ses accents schulziens, justement, par sa proximité d'avec le Tangerine Dream des premières années (Alpha Centauri, Zeit...). Ultra planant, relativement doux à l'oreille jusqu'à s'immiscer avec délicatesse dans des crissements rêches très maîtrisés. Mentionnons la typologie matérielle : synthi AKS, Korg 700, orgue Farfisa, Syntorchestra Farfisa, guitare jouée à l'horizontale et violon alto.

Il y a eu l'expo Bowie Is..., Camizole fait plus fort avec la possibilité d'acquérir son exemplaire d'un musée de poche et d'écouter chez soi des pièces inédites de 40 ans d'âge en buvant un verre de bon vin, de spiritueux (moins âgé, sinon on explose le budget) ou bien un thé au Lotus, à la convenance de chacun... On s'installe. On s'imprègne. On se laisse porter par de la bonne... de l'excellente musique.

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Note :

  • * "la crise" a été inventée par le capitalisme, car la loi de l'offre et de la demande ne peut que générer des déséquilibres.
© Eric Deshayes - neospheres.org