CAN

Tago Mago 40th Anniversary edition (Spoon / Mute, 2011)

CAN : Tago Mago 40th Anniversary edition (Spoon / Mute, 2011)

Il faudrait que cet album envahisse les présentoirs des disquaires en phase de concurrencer Darty et les têtes de gondoles des hypermarchés. On peut toujours rêver d'un monde meilleur, un monde où on donnerait, enfin, à Tago Mago la notoriété qu'il mérite. D'une extraordinaire modernité il pourrait d'ailleurs très bien sortir aujourd'hui et paraître toujours aussi novateur. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Tago Mago, qu'ils s'apprêtent à recevoir deux bonnes beignes dans la tronche, l'une de la paume, l'autre du revers de la main. L'album est un double vinyle à l'origine, avec un premier disque de garage expérimental, entre post-rock et post-jazz, disais-je dans Au-delà du Rock. Le second présente un versant psychédélique si radical qu'une frange d'aficionados de Krautrock, pourtant habitués à l'étrangeté, n'a jamais pu digérer ce bad trip vaudou.

Pour l'occasion Tago Mago est revêtu d'un superbe packaging cartonné reprenant la pochette de la première édition anglaise (ci-dessus) qui reflète bien l'esprit et l'énergie du groupe. Que ceux qui trouveraient scandaleux que l'on change ainsi l'identité visuelle de l'un des fondamentaux de l'histoire de la musique soient tout de suite rassurés : lorsqu'on ouvre les rabats cartonnés on découvre un très beau fac-similé "mini-LP" avec sa pochette la plus connue : celle que les musiciens eux-mêmes qualifièrent de "vomit"...

L'idée est assez judicieuse au final, puisque cette Tago Mago 40th Anniversary edition contient un deuxième disque qui colle parfaitement à cette photo de scène. Le CD donne à entendre 45 minutes de bonus, trois titres live de 1972 : "Halleluhwah", "Mushroom" et "Spoon". Le choix a porté sur des bandes d'une qualité exceptionnelle. Les nerds de CAN connaissent depuis longtemps des live de cette époque, au son cataclysmique mais à la limite de l'inécoutable. Sur ce CD bonus les enregistrements trouvent un parfait équilibre entre son de studio et déchaînement scénique.

Si vous n'avez pas encore Tago Mago dans votre compactothèque, c'est donc le moment idéal de soigner cette carie de format Grand Canyon.

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© Eric Deshayes - neospheres.org