Caravaggio

#2 (Label de la Buissonne, 2012)

Caravaggio : #2 (Label de la Buissonne, 2012)

Fin 2012, seuil d'une nouvelle ère selon l'un des calendriers mayas (le tout est de savoir lequel), Néosphères a institué solennellement les Globules d'Or. Après d'intenses délibérations soliloques et des jets de marc de café au feu pour chasser le mauvais oeil, le juré a nommé #2 de Caravaggio Globule d'Or du meilleur album de l'année 2012 pour son pouvoir d'oxygénation de l'espace musical.

Ils y sont allés, c'est sûr, ils y sont allés, au-delà de la stratosphère, là où il n'y a pourtant plus d'air, y chercher le genre de vibrations célestes qui a servi à King Crimson époque Lark's Tongues in Aspic et à Pink Floyd époque Meddle. C'est un peu comme si Robert Fripp enregistrait dans un studio 24 pistes avec Hawkwind.

Il fallait des laborantins capés (conservatoires, beaux-arts, IRCAM, Villa Medicis, Percussions de Strasbourg, ARFI, quatuor Arditti...) pour oser s'élancer ainsi, l'esprit aventureux, sûr de leurs attaches vitales. Caravaggio, c'est Bruno Chevillon, Benjamin de la Fuente, Eric Champard et Samuel Sighicelli. Leurs imposantes strates sonores agglomèrent guitares noisy metal, imposante basse électrique, orgue Hammond et synthétiseurs funky ou planants, batterie chevaleresque et brèches électroacoustiques lynchiennes. Avec Caravaggio, « Aguirre » n'est plus seulement le titre d'un film de Werner Herzog sur une musique de Popol Vuh, mais aussi un fascinant morceau d'expérimentations sonores qui acclimate le cerveau à des hauteurs tibétaines. Avec Caravaggio le post-rock est progressif, psychédélique et éclectique. On passe d'une ambiance méditative à une tempête électrique en un accord plaqué sur l'orgue Hammond. Le planant est vertigineux. Monter haut suppose toujours une redescente équivalente, parfois plus violente, avec plongeon sans palier de décompression.

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© Eric Deshayes - neospheres.org