En ce début de troisième millénaire il apparaît clairement que pour les êtres vivant en zones « développées » de la planète Terre l'ambiance sonore n'a plus rien de naturel. Elle est autant parasitaire que ceux qui l'ont engendrée. Charles Premier (alias Laurent Choquel), par sa formation et ses engagements professionnels, s'est donné pour mission de «traiter le bruit physique pour en diminuer les nuisances». Il ne s'agit pas d'éradiquer les parasites, ce qui consisterait le plus simplement à en éliminer la source, la présence humaine, mais d'en estomper les effets. On comprend ainsi que par sa sensibilité à l'environnement acoustique, Charles Premier ne pouvait que connaître très intimement les « bruits », au point de les aimer et d'en faire des albums. Le dernier en date, En attendant, apprivoise, comme son prédécesseur M.F.E. (ActeI), le bruissement, les grésillements, ainsi que les déformations vocales et les sons de synthèses (chocs et sons prolongés). A mesure que l'on avance dans l'écoute d'En attendant les parasites s'avèrent prendre leur vie propre et imposer leur musicalité particulière. Charles Premier nous fait simplement aimer la granulosité et les fréquences de ses particules sonores. Nous prend alors l'envie de sortir dehors, en zone urbaine, pour aller écouter ces concerts perpétuels qui n'attendent aucun public et d'aller apprécier notre monde. Un voyage en bus ou en métro est une véritable symphonie concrète.