David Lang

Pierced
(Naxos, American Classics, 2008)

DAVID LANG : PIERCED (Naxos, American Classics, 2008)

David Lang, co-directeur du Bang On a Can All-Stars, grand continuateur du minimalisme en musique, a fait sien le credo "the less is more" ("le moins est le mieux") et avec une application et de nouvelles subtilités qui lui permettent de traiter d'égal à égal avec la génération précédente. Steve Reich disait ainsi de son Cheating, Lying, Stealing (1993/95) : « David n'aurait pas pu écrire ça sans s'être inspiré de mes travaux, mais lorsque j'ai entendu Cheating, Lying, Stealing, je me suis dit, mince alors, c'est moi qui aurait du l'écrire! ».

Et il y a de quoi être admiratif. Cette oeuvre alterne des phrasés tranchants comme le verre et des instruments à cordes lyriques. Non seulement elle paraît nettement moins monolithique que les grandes créations du courant minimaliste américain, mais elle ignore aussi complètement le néoclassicisme dans lequel tombent beaucoup des partisans de ce courant. Une interprétation de Cheating, Lying, Stealing, ainsi que quatre autres pièces de David Lang sont éditées sur Pierced par Naxos dans sa collection « American Classics ».

Le morceau Pierced dégage une intensité dramatique encore plus forte : une répétition de grappes de notes désarticulées, comme pour illustrer un film policier haletant, suivie d'une longue phase onirique sur une rythmique percutante, quasiment un claquement de porte, soutenu au bout de plusieurs minutes par un jeu à la caisse claire. David Lang a même le toupet de transmuter Heroin de Lou Reed en un lent duo pour violoncelle et voix (celle de Theo Bleckmann) et d'en faire un nouveau trip, très différent de la version du Velvet Underground, mais particulièrement prenant. Naxos étant spécialisé dans l'édition de cd à très petit prix, aucune raison de se priver de cette came !

© Eric Deshayes - neospheres.org