Diable ! L'hydre à deux têtes frappe encore, très fort, de son poing décharné. Cette fois-ci le coup vient de la fraction de Faust menée par Hans Joachim Irmler. Elle nous rosse par surprise armée d'un double album.
Des crissements métalliques sur fond de clochettes et un grondement de synthé mettent sous tension avant que l'on s'avance dans une torpeur planante, guitare en bandoulière, orgue au zénith. Puis ça cogne, la batterie claque. La guitare vrille l'espace de ses signaux. Nouvelle adagio pour effluves de cordes (guitare, violoncelle) et orgue. Plus loin ça se rebarre encore pour un Hit Me qui ressemble à une répèt' entre les Stooges et Ministry. Sur Drug Wipe les rythmiques industrielles atterrissent en fin de morceau sur ce qui ressemble à du Vangelis époque Blade Runner...
Le plus plaisant est que vous ne vous êtes pas encore demandé à quel album du passé ce Faust Is Last pouvait être comparé, mais avez simplement apprécié. Pas de nostalgie. Nada. Ou alors dans une veine parodique rockeuse sur I Don't Buy Your Shit No More. Il y a bien quelque chose de motorik sur X-Ray, mais côté sono on a fermement enquillé sur le XXIe siècle. C'est justement le second disque qui vient rappeler le Faust des décennies passées, essentiellement dans la démarche. Il nous remémore un Faust qui publiait ses expérimentations en studio telles quelles, ici entre ambiances expérimentales et musique concrète. "Faust Is Last" : le dernier ? Dommage, on en veut bien d'autres des comme ça.