Un oratorio est une oeuvre lyrique portant sur un sujet religieux où alternent choeurs, arias et récitatifs. Rien ne dit qu'il soit forcément d'obédience chrétienne. Par contre qui dit passion, dit christique. Philip Glass joue avec les mots, les formes musicales et les convenances religieuses en créant The Passion of Ramakrishna en 2006, fondant sa passion non pas sur un saint chrétien, comme de coutume, mais en rendant hommage à Sri Ramakrishna, brahmane du XIXe siècle qui connu, entre autres aventures de la conscience, celle de revivre la vie du Christ. Soit, il peut donc s'agir d'un oratorio, et même d'une passion christique par personnage interposé. Point de sitar de pacotille ici, car qui connaît un peu Philip Glass sait qu'il a trouvé sa voie en transcrivant à l'occidentale les parties musicales du film Chappaqua Suite créées par Ravi Shankar en 1965. Et sur cette découverte des fondements de la musique classique indienne il découvrit les siens : une répétitivité par jeux numériques, sans qu'il n'y ait besoin de cordes qui bourdonnent et de patchouli.
Que l'on se rassure, aucune trace d'orientalisme factice ici. Il s'agit de la rencontre de deux genres : l'oratorio et le style répétitif de Philip Glass. Ils dialoguent ensemble, se répondent et s'interpénètrent sans jamais perdre de leur aura respective. Passion of Ramakrishna apparaît lors des premières écoutes comme une superbe rencontre de deux genres, puis s'affirme tout simplement comme étant une merveille de composition et l'une des grandes oeuvres récentes de Philip Glass.