Le livret contient un plan de développement circulaire, des strates concentriques annotées de lettres ou d'indications plus explicites: moog the source, fender stratocaster, synthi AKS... Sur le bord extérieur, gradué par petites tranches de cinq minutes, sont écrits des mots tirés de la langue des sioux Lakota (Nagoya, Wicaho Oyuspe). Ces mots s'entendent sur le disque, dans les toutes premières minutes presque silencieuses.
Cette partition expérimentale rappelle celles de compositeurs contemporains, tout comme la pièce elle-même évoque Stockhausen par son flux de sonorités électroniques (drones, courts motifs et pics aïgus) et son travail sur les timbres des percussions. Les Quatre Directions est cependant très éloigné de l'esthétique sérielle et de l'électroacoustique écrite. La respiration interne, la tonalité, la présence de mélodies, même délitées, placent l'ensemble davantage du côté d'une musique improvisée et d'un beau psychédélisme.
Les Quatre Directions invitent l'auditeur à la méditation, à l'écoute sereine, jusqu'à ce qu'une phase de tension s'installe par la répétition de notes jouées à la Stratocaster, douces puis de plus en plus agressives, croisées à diverses sonorités de synthés dispersées. Totalement différentes de Rag-Time vol.2 avec Pierre Bastien, sorti à quelques mois d'intervalle, Les Quatres Directions sont aussi une superbe réussite. Une année et demi d'enregistrement a été nécessaire pour ce disque. On croirait qu'il a été tout naturellement capté en un seul jet d'une heure, sa durée, comme on écouterait une fontaine sonore dans un état second.