On se souvient très bien d'ambient 1 / music for spaceports de 2009, voici ambient 3 / From Very Far Out. Cartésien, on cherche le ambient 2, mais il n'y en a pas, tout du moins pas encore, à l'évidence une question de forces d'inertie dans le vide intersidérale. Effectivement, ambient 3 / From Very Far Out vient de loin, de très très loin. Comme l'expliquent Floyd et Gage, les co-pilotes du projet de leur base de lancement à Stuttgart, les travaux préparatoires ont été longs et difficiles. Il leur a fallu sélectionner des musiciens particulièrement chevronnés pour cette expédition sonique dantesque.
Le premier titre, « Tuning The Amalthea Moon Orchestra », est un crescendo d'orchestre symphonique dont les instrumentistes s'accordent. Le crescendo commence dans le silence pour s'achever dans un fracas terrifiant. De mémoire d'homme, un tel tumulte remonte à « A Day In The Life » des Beatles, mais il y dure à peine une minute. Chez Navel, ça n'a rien d'une furtive excursion "d'avant-garde", c'est plus de vingt-trois minutes de décollage. « Pythagoras Galaxy » (8'55) joue finalement sur ce même principe d'évolution graduelle, mais sur des phases plus rapides. Les drones aux synthétiseurs se meuvent de manière plus rapide et dans une atmosphère plus aérée et aérienne. On respire, bien que l'espace reste inquiétant. De même sur « The Slow Blueshift Of Theta » (15'59), le paysage sonore évolue comme des nuages passant dans le ciel. Navel s'inspire explicitement de l'ambient music de Brian Eno et le fait avec une maestria qui laisse pantois.