Ogives
La mémoire des orages (Sub Rosa, 2023).
Bel album que ce La mémoire des orages conçu par Ogives. Ce projet est porté par une formation de huit musiciens (chanteuses, chanteurs, instrumentistes). L'album, double au format vinyle, comporte huit titres dont trois se déploient sur une longueur voisine du quart d'heure. Le sticker apposé sur le digipack noir du CD donne les principales clés d'ouverture à l'univers d'Ogives : « Post-Rock by a Chamber Music Ensemble from Belgium / Mixed by Steve Albini. » L'ensemble des pièces explore les « thèmes de la perception du temps et de la perspective de la mort. »
Les premières notes jouées sont des tintinnabulements provenant, semble-t-il, de tubes métalliques frappés. Ces notes évoquent beaucoup des sons de cloches d'église. Ce n'est pourtant pas une messe. La mémoire des orages est cérémonial. Des mots sont répétés sur le premier titre « Patience » : « Que la mémoire des orages émerge / Dans le silence de mes pairs. »
Ogives construit une forme originale, entre rock et musique classique. Du rock viennent les riffs de guitare, la batterie aux rythmes puissants. De la musique classique, à prendre ici au sens très large, viennent des chants d'inspirations byzantines et anciennes, des tintinnabuli, des contrepoints baroques... Des rythmiques technoïdes, des saxophones aux accents free et de discrètes manipulations électroniques de voix étendent encore le spectre stylistique et sonore. Le mixage par le maître du son Steve Albini, que l'on ne présente plus, restitue avec une grande clarté des enregistrements qui paraissent proches des conditions du live.
Post-rock sûrement, rock progressif contemporain aussi. L'exactitude instrumentale et la maîtrise vocale de La mémoire des orages sont au service d'une force expressive frappante. L'écoute de ce disque donne l'envie d'aller apprécier cette grande oeuvre en concert.