Après le magnifique Conversations â voix basse, fondateur du label Linoleum, Laurent Rochelle revient en solo avec Sous la surface des mots, un disque tout aussi passionnant. Les sonorités de clarinette et l'approche transversale, un peu jazz, un peu musique contemporaine, un peu world aussi, font que l'on pense furtivement â un autre clarinettiste et multi-instrumentiste, Michel Portal, â son fameux Dejarme Solo, par exemple. Furtivement car l'univers de Laurent Rochelle reste très personnel et vagabond. Le musicien passe lui-même du saxophone soprano â la clarinette (basse ou alto, selon), au piano, au sampler ou encore â la tourniquette â fromage (mal huilée) !
Laurent Rochelle a recours au studio pour se démultiplier sur une bonne moitié des titres. Divers invités interviennent sur les autres. La voix d'Alima Hamel (qui fait ici penser â Sainkho Namchylak) et le zarb de Loîc Schild donnent des colorations orientales â Antesit. Fabien Duscombs (batterie) et Brahim Dhour (violon) enrichissent Mangroves. Le guitariste Denis Frâjerman apporte quelques touches électriques sur la très belle ballade au piano La Traversée, qui pourrait presque être tirée d'une musique de film signée François de Roubaix. Cette ballade pianistique semble se poursuivre sur Demain si la Rose, en duo cette fois avec la violoniste Evelyne Belancourt. Les mélodies arpentent des sentiers tortueux. Elles glissent, dansent, virevoltent ou se font plus mélancoliques. L'ensemble a d'ailleurs l'aspect éclectique et cohérent d'une musique pour le cinéma, mais ne nécessite aucune image (y compris mentale) pour être apprécier. La musique est tout simplement belle et se suffit â elle-même.