Paul D. Miller, alias DJ Spooky That Subliminal Kid, conçoit la plupart de ses disques comme des rencontres aventureuses. La précédente s'était faite avec le Freight Elevator Quartet sur File Under Futurism. DJ Spooky se frotte cette fois-ci à un quartette très relevé composé de figures bien connues du milieu Free Jazz : Joe McPhee (saxophone ténor et trompette), William Parker (contrebasse), Matthew Shipp (piano) et Guillermo E. Brown (batterie).
L'album démarre sur les chapeaux de roue dans un balancement jazzy aussi déluré que les morceaux ultra-groovy de l'Art Ensemble of Chicago. Optometry déploie un jazz libérée, où souffle un sentiment de ferveur et d'excitation, où tous les mélanges sont possibles.
Avare ni en théories ni en nouveaux genres, DJ Spooky (docteur en philosophie ne l'oublions pas) parle dans le livret du CD, de laptop jazz, de cybernetic jazz, de nu-bop, d'illbient... Il invite également ses hôtes dans son univers hip-hop illbient (gémissements de violons, beats, samples, échos de sansa...) et, au final, cet ensemble d'une impressionnante cohésion accueille d'autres "Guests" de tous bords : Carl Hancock Rux, Pauline Oliveros, High Priest d'Anti-Pop Consortium, le violoniste Daniel Bernard Roumain. Un disque aux milles facettes : groovy, free jazz, profondément méditatif, électro percutant... Optometry monte sur le podium des meilleurs albums de l'année 2002.