Pour ceux qui auraient lâché Tricky au début du millénaire, échaudés par les moins convaincants Blowback et Vulnerable, sachez qu'il a déjà bien relevé la barre en 2008 avec l'album Knowle West Boy, qui souffrait cependant d'un certain excès de guitares heavy.
L'heure du retour de la vengeance a bel et bien sonné avec Mixed Race. L'album est court, à peine 30 minutes, mais il est très bigarré. Les couleurs et samples sont bluesy, funky, jazzy, manouches, classiques... La concision est un gage de cohésion. Les pièces s'ajustent à la perfection comme dans une partie de Tetris réussie. "Tricky" a toujours été un duo mixte. La voix féminine est assurée sans emphase (une grande qualité chez Tricky) par l'italo-irlandaise Franky Riley. "Ghetto Stars" évoque même la grande époque de Maxinquaye.
Plusieurs titres bénéficient de l'apport d'invités spéciaux (Bobby Gillespie de Primal Scream, Blackman...). Au beau milieu de tout ça, débarque Hakim Hamadouche et son flow miraculeux sur le titre qui lui est dédié, "Hakim", peut-être le meilleur titre du disque. Cette mélopée nord-africaine est emportée par cette voix de Hakim Hamadouche, qui rappelle celle de Rachid Taha, et dont il fut le joueur de oud régulier. Le final de l'album est flanqué d'un électro-ragga aux sonorités venimeuses.
On en n'est plus aujourd'hui à décompter les titres qui valent le coup, mais à chercher la faille. Peut-être "Murder Weapon" et son sample james bondien un peu facile, et encore. Un sample de trompette en contrepoint permet finalement au morceau d'emporter la mise.