Six ans après Shleep Robert Wyatt revient avec Cukooland, un album fleuve (75 minutes), dense, éclectique et foisonnant. Au pays du coucou toutes les musiques s'enchevêtrent allègrement, du jazz à l'ambient / new age en passant par la bossa nova. De cet ensemble un brin bordélique jaillissent de belles réussites dont Wyatt garde toujours le secret : Just a Bit, reflexion sur la religion jazzy agrémentée de nappes synthétiques ; un Forest aussi mélancolique que flamboyant ; l'angoissé Beware (écrit par Karen Mantler) ; Insensatez, une reprise d'Antonio Carlos Jobim ; Foreign accents, un petit bijou minimaliste basé sur les mots Hiroshima Nagasaki (!) ; pour clore l'album le magnifique morceau arabe La Ahada Yalam.
Cukooland est parasité par ses morceaux jazzy nonchalants farcis au synthé cheap. Et si ses parasites allaient bientôt contaminer nos oreilles ? Pas l'ombre d'un doute Cukooland porte la "marque de fabrique" du sieur Wyatt : il ne se laisse pas facilement saisir à la première écoute... Et aux suivantes non plus !