KRAFTWERK, LA ROUTE DU ROCK 2025

Kraftwerk, l'OVNI du Fort de Saint-Père.

Kraftwerk - La Route du Rock 2025

Ce n'est pas dans mes habitudes de faire des "live reports", des comptes-rendus de concerts, par choix personnel, parce que je n'ai pas envie d'avoir en tête l'optique d'écrire un texte en assistant à un concert, et souhaite être totalement libre de kiffer le moment présent. À rebours, pour faire écho à un post sur Facebook de Jérôme Pons, je veux bien tenter l'exercice.

Kraftwerk à la Route du Rock ? Ça faisait juste 5 ans (et demi) que je les attendais en ce lieu du Fort de Saint-Père. Vérification faite, j'avais acheté ma place le 14 février 2020, pour leur venue programmée en ce festival le 21 août 2020. Festival annulé pour cause de pandémie Covid-19 cette année-là. Autant le virus, je m'en foutais un peu (j'étais allé me faire "vacciner" en portant mon t-shirt CLUSTER Zuckerzeit), autant j'avais été désolé de l'annulation du festival, et du concert de Kraftwerk en particulier.

Bien-sûr, j'avais déjà vu Kraftwerk en concert. La première fois aux Trans Musicales de 2004 à Rennes. C'était alors "juste pour voir" (et entendre évidemment) la mécanique de la légende vivante en live, me disant que, même si le son serait peut-être pourri, dans un Hall du Parc Expo de Saint-Jacques de La Lande, au moins, je les aurais vu au moins une fois dans ma vie.

Ce fut une claque phénoménale. Un son paramétré à la milli-seconde qui vous soulève les tripes, le coeur. Aller, soyons honnêtes, tous les chakras. Je suis vraiment devenu adepte. J'ai fait ma conversion à la religion Kraftwerk à ce moment-là. Alors, quand Monsieur Yves Jolivet des Éditions Le mot et le reste m'avait proposé d'écrire une monographie sur Kraftwerk, en 2013, en enchaînant directement après mon bouquin sur CAN, j'étais dans l'obligation existentielle d'accepter cette proposition. Je passe les détails sur la récupération des archives presse collectées depuis les années 1970 par Monsieur Dominique Grimaud après notre participation à la JIMI (Journée des Initiatives Musicales Indépendantes à Ivry-sur-Seine, en octobre 2013, où nous avions discuté publiquement de notre ouvrage commun L'underground musical en France).

En phase de fin d'écriture de cet ouvrage sur Kraftwerk, en juin 2014, j'étais dans "l'obligation professionnelle" (ô combien contraignante ??) d'aller assister au show-3D de Kraftwerk aux Nuits Sonores à Lyon, pour être en capacité d'achever l'écriture dudit ouvrage en connaissance de cause des concerts tridimensionnels du fameux groupe allemand. Les conditions n'étaient pas optimales. Des poteaux de fer, de la friche de Marchés, barraient les visuels 3D, mais j'avais pu prendre connaissance de quoi il en retournait, de la 3D avec Kraftwerk, chaussé de lunettes ad hoc fournies par le groupe.

L'année suivante, en 2015, j'avais négocié une proposition de conférence sur Kraftwerk, à la Bibliothèque municipale de l'Alcazar, à Marseille, avec la nécessité absolue d'avoir un billet pour assister au concert, le soir même au Silo. Concert dingo. Ralf Hütter prenait manifestement un malin plaisir à faire vibrer les structures du lieu, le Silo, en cette fin de concert, où chacun des musiciens improvise et montre qu'il joue VRAIMENT avec la banque de sons kraftwerkienne, en live.

Précision historique. Au lendemain de ma conférence à la Bibliothèque municipale de l'Alcazar à Marseille, et du concert faramineux de Kraftwerk le 12 novembre 2015 au Silo, le 13 novembre, en fin de journée, j'étais passé par Paris, en liaisons souterraines, vers 20h peut-être, pour rentrer en région rennaise. En ce soir-là, le 13 novembre 2015, une heure plus tard, en surface, commencèrent les événements tragiques, les attentats du 13-novembre 2015. J'étais dans ma bulle. Je ne pris connaissance de ces événements que très tard dans la nuit, voire seulement le lendemain. Je ne sais plus.

En 2019, il y a eu l'expo Electro, de Kraftwerk à Daft Punk (avec pour commissaire Jean-Yves Leloup), et trois soirées d'affilées de show-3D pour Kraftwerk à la Philharmonie de Paris. J'y suis allé pour une date, avec ma grande fille Esther et son arrière-cousin Julien, parce que la passion Kraftwerk peut, doit, se partager avec un cercle amical et familial le plus large possible. Pour faire découvrir leur son en béton armé façon Bauhaus.

Alors ? La Route du Rock ? Ce devait être l'année suivante, en 2020. Covid à la con. 16 août 2025, La Route du Rock. Kraftwerk ne pratique plus les show-3D depuis 2022. Ça me manquait un peu au niveau visuel. Pour autant, j'ai assisté, entendu et apprécié le concert le plus humain de Kraftwerk, en compagnie de ma grande fille Esther, de ma plus jeune fille Andréa (qui sait prononcer "Kraftwerk" en un accent allemand irréprochable depuis ses 8/10 ans), de Philippe Conan (un pote de plus de 30 ans) et de Pascal Godjikian, chanteur-parolier de la STPO, et fan absolu de Kraftwerk (c'est peu connu).

Point de vue subjectif, nécessairement. Tentons l'analyse objective (est-elle réellement possible ?). Kraftwerk a livré un Best Of fulgurant de ses hits, avec, avouons-le, une phase un peu trop longuette sur sa suite "Tour de France", son dernier album en date. Pour ce qui est du manque de 3D, il a très vite été estompé par une puissance sonore et visuelle incroyable. Des costumes de scènes intégrés que je n'avais jamais vu jusque-là. Le son actuel de Kraftwerk est, je le pense, fortement inspiré par sa dernière sortie discographique : le double album Remixes. Kraftwerk surfe sur sa légende historique, incontestable, avec une humilité et une humanité qui hérissent les poils d'Homo sapiens.

© Eric Deshayes - neospheres.org