John Coolidge Adams est né en 1947 dans une famille de musiciens amateurs. Il joue de la clarinette dans un marching band du New Hampshire avec son père saxophoniste. Il est très tôt imprégné de gospel, de jazz, de la musique de Charles Ives et de pop music (Hendrix, les Doors...). Après six années d'études à l'Université de Harvard, il s'installe en 1971 à San Francisco où il commence une carrière très active. Lors des concerts qu'il produit et dirige, de 1972 à 1985, pour le San Francisco Conservatory of Music et pour la collection New and Unusual Music du San Francisco Symphony Orchestra, il fait connaître les œuvres novatrices de compositeurs tels que Gavin Bryars, Robert Ashley, Cornelius Cardew, Meredith Monk et Alvin Lucier.
Fortement influencé par John Cage pendant ses années d'études, John Adams s'est rapidement tourné vers les minimalistes Terry Riley, Philip Glass et est particulièrement marqué par Steve Reich. Pour sa première œuvre connue, Christian Zeal and Activity (1973), il se réapproprie d'emblée le minimalisme : il s'agit d'une sorte d'adagio auquel John Adams encourage d'intégrer un "objet trouvé" au choix. La version de référence est celle publiée par Nonesuch en 1987 sur le disque The Chairman Dances, interprétée par le San Francisco Symphony dirigé par Edo de Waart. L'objet trouvé est l'enregistrement du sermon d'un pasteur racontant l'histoire de la guérison de Jésus le jour du Sabbat. Une phrase marque la mémoire par sa mise en boucle : « Why would Jesus have been drawn to a withered hand? » (« Pourquoi Jésus aurait-il été attiré par une main desséchée ? »).
Sur l'enregistrement de Christian Zeal and Activity par l'Orchestre Philharmonique de Montpellier, en 1996-98, "l'objet trouvé" est un sermon improvisé par Emmanuel Djob. Les autres œuvres qui le font connaître, Phrygian Gates pour piano (1977) et Shaker Loops (1978) pour septuor à cordes, présentent les principales caractéristiques de son style : pulsations rapides et énergiques ; ondulation et modulation par vagues de motifs mélodiques, successions de montées graduelles de la puissance sonore pour aboutir à une sorte de climax émotionnel. Shaker Loops a gagné en notoriété par son utilisation dans le film Barfly de Barbet Schroeder en 1987, avec Mickey Rourke et Faye Dunaway. La bande originale du film est composée d'une sélection, supervisée par Jack Baran, de musiques classiques et pop, incluant, outre John Adams, Haendel, Booker T. & the M.G.s, Gustav Mahler, The Lounge Lizards, Jimmy Smith, Mozart, Beethoven...
Devenu artiste en résidence du San Francisco Symphony Orchestra dirigé par Edo de Waart, John Adams y compose de nombreuses œuvres, dont Harmonium (1981), magnifique pièce pour chur et orchestre, Harmonielehre (1985), qui reprend le titre du traité d'harmonie de Schœnberg, et The Chairman Dances (1986). Ces œuvres installent progressivement sa réputation, mais c'est avec son premier opéra, Nixon in China (1987) réalisé sur un libretto de Alice Goodman et une mise en scène de Peter Sellars, que John Adams se fait connaître du grand public. Il créera également avec Alice Goodman et Peter Sellars l'opéra The Death of Klinghoffer (1991) (ayant pour thème l'enlèvement d'américains et d'européens et l'assassinat de Leon Klinghoffer, un juif américain en fauteuil roulant) sur une chorégraphie de la Mark Morris Company.
John Adams s'est exercé dans une grande diversité de formes musicales: musiques pour la danse, opéra-vidéo, comédie musicale, chansons pop, concertos, musique de chambre, musique de film, publicité... Sa troisième uvre pour la scène I Was Looking At The Ceiling And Then I Saw The Sky (1995) sur un libretto de June Jordan et mis en scène par Peter Sellars, conte la vie de sept jeunes d'origines ethniques diverses, à Los Angeles au moment d'un tremblement de terre. Se situant entre comédie sentimentale et satire sociale, At The Ceiling And Then I Saw The Sky est composé de 25 chansons pop rock, jazz, gospel et rap. La pièce principale se présente comme une combinaison plutôt réussie entre une approche minimaliste répétitive à la Philip Glass et un univers de comédie musicale dans la tradition de Broadway.
En l'espace d'une dizaine d'années, John Adams est devenu le compositeur américain vivant le plus joué en concert. Mais cette popularité fait également de John Adams l'un des compositeurs les plus critiqués et controversés. Il cumule en effet dans ses œuvres des contenus politiques risqués (Nixon in China, The Death of Klinghoffer) et des partis pris esthétiques radicaux (I Was Looking...). Par ailleurs, il reçoit les critiques adressées par les dogmatiques de la musique classique aux minimalistes en général, dont les procédés de compositions tiendraient lieu de gimmicks agaçantes. Les adeptes du minimalisme l'attaquent quant à eux pour son orientation vers un néoclassicisme qui n'est pas toujours apprécié.
En 2000, El Niño, son premier opéra-oratorio de la Nativité, dédié à et mis en scène par Peter Sellars a été créé au Théâtre du Châtelet à Paris. En 2002 a eu lieu la première de On the Transmigration of the Souls composé en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001, répondant ainsi, en un temps record, à une commande formulée en janvier 2002 par l'Orchestre Philharmonique de New York. Selon Le Monde daté du 21 septembre 2002, c'est « une œuvre qui, bien que typiquement adamsienne, se renouvelle paradoxalement en allant chercher vers les sources de la première musique américaine du vingtième siècle : en utilisant un ensemble composé de violons et d'un piano accordé un quart de ton plus haut, le tout mêlé à des sonorités mercuriales, Adams parvient à évoquer des images sonores inouïes et nouvelles chez lui, rappelant pourtant fortement Charles Ives. »
En 2007, le label de musique classique à petits prix Naxos a fait paraître Complete Piano Music de John Adams, soit l'intégrale de ses musiques pour piano (Phrygian Gates, American Berserk, China Gates, Hallelujah Junction) jouées par Ralph van Raat et Maarten van Veen.
Compositeur prolifique, parmi ses œuvres les plus récentes figure Must the Devil Have All the Good Tunes?, un concerto pour piano et orchestre écrit en 2018 pour la pianiste Yuja Wang. Dans une interview publiée en 2022 sur la chaîne Youtube Boosey & Hawkes (ci-dessus), John Adams explique que parfois le titre d'une œuvre vient avant la composition de l'œuvre elle-même, parfois l'inverse. Il explique ainsi que la phrase « Must the Devil Have All the Good Tunes? » (« Toutes les bonnes chansons appartiennent-elles au Diable ? ») pourrait être attribuée, hors contexte, à Chuck Berry. Il a en fait trouvé cette phrase dans une interview des 1950 de la catholique américaine Dorothy Day, militante pour la justice sociale. Cette phrase a été attribuée à Martin Luther, réformateur protestant du XVIe siècle et à d'autres théologiens des XVIIIe et XIXe siècle.
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