Terry RILEY & Stefano SCODANIBBIO

Diamond Fiddle Language (Wergo, 2005)

Terry RILEY & Stefano SCODANIBBIO - Diamond Fiddle Language (Wergo, 2005)

Terry Riley et le contrebassiste italien Stefano Scodanibbio se produisent en duo sur scène depuis une dizaine d'années. Une de leurs prestations avait déjà été publiée sous le titre A Lazy Afternoon Among the Crocodiles (Pierrot Lunaire, 1997). Diamond Fiddle Language contient trois longues pièces, enregistrées en concert de 1998 à 2000. Cet album "live" est, par nature, plus intimiste qu'Atlantis Nath et Assassin Reverie, mais il réserve là encore quelques surprises car Terry Riley est un véritable magicien derrière ses claviers. Son jeu de piano est aussi complexe que fascinant. Sa maîtrise du synthétiseur lui permet d'obtenir des sons de carillons, d'ensemble à cordes et autres ensembles orchestraux, aussi vrais que nature ou bien délibérément "artificiels". Et Stefano Scodanibbio n'est pas du tout là pour faire de la figuration. Il utilise toutes les techniques imaginables pour sortir de sa contrebasse les sons qu'il cherche, du slapping traditionnel à l'utilisation de l'archet, en passant par les pédales de feedback et d'écho. La connivence et les interactions entre ces deux instrumentistes de haute-voltige donnent à entendre de l'inouï, du mélancolique et du sensuel. Ils sont à mille lieux de la musique contemporaine très (trop) souvent rébarbative, et très loin aussi des musiques improvisées très (trop) souvent autistes. Diamond Fiddle Language attire surtout l'attention sur un contrebassiste hors paire qui est loin d'être un débutant. Stefano Scodanibbio est actif depuis la fin des années 70. Des compositeurs aussi réputés que John Cage, Luigi Nono ou encore Giacinto Scelsi ont écrit des œuvres spécialement pour lui. John Cage lui-même déclara, dans l'une des dernières interviews qu'il donna, que Stefano Scodanibbio était "stupéfiant". Et c'est bien le mot qui vient à l'esprit à l'écoute de Diamond Fiddle Language.

© Eric Deshayes - neospheres.org