Why Néo ? En référence à Matrix ? Non, rien à voir avec Keanu Reeves se pliant telle une botte en caoutchouc mollassonne pour esquiver les balles traçantes.
Il était une fois Interzone, vers 1998 / 1999, petit annuaire de sites musicaux hébergé par Multimania. C'était l'époque des modems à 56kbps, de Netscape, des NTIC dans les Facs, du HTML brut et de Yahoo! vs. Altavista. L'An 2000 moins les voitures qui volent... No problemo, moins on est chargé matériellement plus on a de chance de planer longtemps.
An 2000, à Rennes, une bande de mélomanes killers lance une association «pour la promotion et la diffusion des musiques expérimentales, improvisées et avant-gardistes.» L'assemblée générale constitutive réunissait Philippe (chez lui, aujourd'hui fidèle animateur de l'émission L'Azile Le Plus Sûr sur Canal B), Nicolas (vendeur de disques tendances bizarres via un catalogue de vente par correspondance), Gwen, Jackie, Carole, Fabrice (futur développeur du site Sonhors) , Zap-Pascal, Christian, Sylvain, Nadine, moi (Éric)... et peut-être un chat.
A l'asso, il fallait donner un nom. « Pourquoi pas Interzone ?», dis-je. Une unanimité floue émergea de la connexion nova express avec l'Interzone du Festin Nu de William S. Bourroughs, voire La Machine Molle qui inspira le nom de baptême de Soft Machine. Plus qu'un singulier, il fallait des pluriels : InterzoneS. Il y a plus d'un interstice où caler un coin de bûcheron pour faire péter le système binaire. L'association Interzones fut officiellement créée à l'automne 2000. Son baptême du feu eut lieu le 6 décembre 2000 au Théâtre de la Paillette à Rennes, avec le concert de Charles Curtis, new-yorkais psychédélique minimaliste ayant joué avec La Monte Young. Interzones inscrivit à son tableau d'honneur de 2001 le free-jazzman Alan Silva, le dronesque façon réacteur de supersonique Michael J. Schumacher, le veteran of the french underground Dominique Grimaud et le maître ès guitare préparée Keith Rowe... Puis moultes aventures (consulter les archives en ligne d'InterZones pour plus de détails.
Mais reprenons le fil... Interzones devenant une association, tout penaud étais-je, sans nom pour mon petit annuaire de sites. Brainstorming de 3 secondes, il me fallait créer une autre zone, une nouvelle sphère : bah..., allons-y pour Néosphère, toujours sur Multimania. Deux ans plus tard, le temps semblait venu de fuir cet hébergeur saturé de pop-up de pubs. Il était temps de déménager, d'aller chez un petit nouveau : Free. Mais "Neosphere" y était déjà pris, et ce par un webmaster si nihiliste qu'il laissa sous ce nom un espace disque éternellement vacant. Au plus tôt en 2003 naquit Néosphères, au pluriel donc, et cela tombait bien car il y a plus qu'une bulle dans un aquarium.
Aux alentours de septembre 2006, la section "Krautrock" de Néosphères était devenue une encyclopédie en ligne, si touffue qu'il m'apparaissait nécessaire de la publier sur papier. Débuts des travaux par des copiés / collés dans Word 6.0 (à peu près). C'est en cette même période qu'un éditeur breton expatrié à Marseille, publiant des livres d'artistes, de la poésie et de la littérature ouvrière (Norbert Truquin, Mémoires d'un prolétaire, sur lequel je fis un exposé à la Fac d'Histoire de Rennes vers 1992 !), démarrait une collection sur la musique avec Rock, Pop de Philippe Robert. J'en fis une chronique pourtant pas spécialement complaisante, mais le contact était établi avec Le mot et le reste. L'accord fut signé en octobre 2006 pour la publication de Au-delà du Rock en avril 2007. Puis, dans la foulée, de la co-rédaction, avec Dominique Grimaud, de L'Underground musical en France, publié en novembre 2008.
Néosphères, c'est aujourd'hui plus de 280 chroniques disques, 65 chroniques livres, 37 biographies musique minimaliste, 12 biographies en Free Jazz, 60 pages Krautrock, 30 pages sur un certain Rock français, une Newsletter et toujours un annuaire.
La baseline de Néosphères « Les Sphères des Nouvelles Musiques anciennes et postmodernes» est le résultat de réflexions menées en parallèle à l'écriture des livres CAN, Pop-Musik (2013), Kraftwerk (2014). Un projet d'ouvrage pharaonique est en cours d'élaboration.
Quelques dates, faisons du chiffre :
1320 : Philippe de Vitry, Ars nova....
1602 : Giulio Caccini, Le nuove musiche.
1958 : Ornette Coleman, Something Else!!!!
1962 : Theodor W. Adorno, Philosophie de la nouvelle musique.
1970 : Rolf-Ulrich Kaiser, Das Buch der Neuen Pop Musik.
1996 : Stéphane Lelong Nouvelle musique.
2001 : Daniel Charles, La Fiction de la postmodernité selon l'esprit de la musique.
À tous les âges de nouvelles musiques ont été créées par les humains pour leurs propres ouïes. Notre époque épique est celle de leurs collisions dans l'ici et maintenant, celui de la fiction postmoderne.
À suivre...