KLAUS SCHULZE (04.08.1947 - 26.04.2022)

R.I.P. KLAUS SCHULZE. Klaus Schulze nous a quitté sans crier gare, le 26 avril 2022, même si on le savait malade. La triste nouvelle a été communiquée sur son compte Facebook au lendemain de sa disparition par Maximilien Schulze. Klaus Schulze avait annoncé qu'il ne se produirait plus sur scène après ses concerts à Tokyo en 2010. Il a continué jusqu'au bout à vivre sa passion pour une musique nous projetant dans un imaginaire éthéré. Klaus Schulze, qui avait lui-même sorti l'album Dune en 1979, s'était tout récemment dit enjoué par le film Dune de Denis Villeneuve, notamment par la participation de Lisa Gerrard à la musique composée par Hans Zimmer. C'était justement Zimmer qui, avec la bande originale du film Gladiator, avait donné l'envie à Klaus Schulze de collaborer avec Lisa Gerrard. Leurs albums enregistrés en concerts ensemble sont parmi les plus beaux dans la discographie de Klaus Schulze de ces 15 dernières années.

Cette nouvelle adaptation de Dune par Denis Villeneuve l'avait incité à composer à nouveau en s'inspirant de l'oeuvre de Frank Herbert. Il y a quelques semaines, le 8 avril 2022, le label SPV a publié "Osiris Pt. 1", un premier extrait de Deus Arrakis, le nouvel album de Klaus Schulze. SPV a assuré les rééditions de tous ses albums depuis les années 2000 et l'édition de ses nouvelles créations, dont Moonlake en 2005. La date de sortie de Deus Arrakis, dont le titre fait référence à la planète des sables, était d'ores et déjà fixée au 10 juin 2022. Elle a été reportée au 1er juillet 2022. "Osiris Pt. 1" n'est pas en soi un requiem, mais, par la force des choses, il sonne comme le testament musical d'un homme dont l'esprit et la musique enchanteront l'espace sonore pour l'éternité. Comme beaucoup de titres de Klaus Schulze, il communique un sentiment de majesté sereine.

Klaus Schulze, le maître des symphonies synthétiques

Klaus Schulze est un homme qui force le respect : batteur au Zodiak Club à Berlin en 1968/69, co-fondateur du nouveau Tangerine Dream en 1969/70, co-fondateur d'Ash Ra Temple en 1970. Klaus Schulze est aussi l'un des rares musiciens de la scène allemande des années 70 à s'être fait connaître en solo et, qui plus est, avec son propre nom allemand, sans utiliser de pseudonyme ou de nom de groupe anglophone. Klaus Schulze est l'auteur, seul ou parfois en binôme, à partir de 1971, d'une quarantaine d'albums. Un grand nombre de ces albums sont des monuments historiques à visiter au moins une fois dans sa vie, et plus sérieusement plusieurs fois si l'on veut réellement en ressentir profondément l'architecture. Citons en au moins cinq : Irrlicht (1972), Cyborg (1973), Timewind (1975), Moondown (1976), X (1978). Une biographie complète et son parcours discographique ont été l'objet d'un long article ici même. Il est aujourd'hui disponible dans Au-delà du Rock, revu et mis à jour dans une nouvelle édition publiée en 2021. Klaus Schulze a tout simplement été l'un des plus inspirés au moment de la grande vague de popularisation des musiques électroniques. Et son inspiration ne l'a jamais abandonné, retrouvant même une muse en la chanteuse Lisa Gerrard de Dead Can Dance en 2007. Klaus Schulze avait annoncé en 2010 qu'il ne se produirait plus en concert, mais il a continue d'enregistrer des albums dans son repère de Hambühren en Allemagne. Le dernier en date, Silhouettes, était sorti en 2018.

Infos Klaus Schulze :

Klaus Schulze : La Vie électronique 1

La Vie électronique, un titre en français dans le texte pour une collection monumentale d'inédits : 15 X 3 CDs + un volume 16 de 5cds. Ces titres furent enregistrés en studio et en concert par Klaus Schulze qui, pour des raisons autant techniques qu'artistiques, ne rejouait jamais deux fois la même chose. Il en résulte des heures de bandes qui valent autant que celles éditées sur albums, mais qui ne furent pas publiées avant les années 90 dans les imposants coffrets ultra-collectors Silver Edition, Historic Edition et Jubilée Edition. Un pack rassembla même le tout : l'Ultimate Edition. Les titres étaient "en vrac" et dans des coffrets très onéreux. La série La Vie électronique remet les choses dans le bonne ordre : chronologique. Volume 1 : l'époque pionnière 1968-1973 ; volume 2 : les années 1972-1975 ; volumes 3 et 4 : les années 1975-1977 ; volumes 5, 6 et 7 : 1976-1979, volume 8 : 1979-1983... Le volume 16 rassemble des titres enregistrés de 1972 à 2002. Tous les coffrets sont vendus séparément, chacun pouvant ainsi s'orienter vers sa période de prédilection sans se ruiner ni se noyer dans une oeuvre aussi pléthorique que passionnante. La collection est en grande partie en écoute en ligne sur Deezer.

Chronique de Moonlake, le bel album surprise de Klaus Schulze de 2005.


Klaus Schulze : Shadowlands

Shawdolands, 2013. Son titre d'ouverture s'étend sur plus de quarante minutes, directement, sans intro. Cet album a le grand mérite d'être porté par des voix de muses, notamment celle de Lisa Gerrard (de Dead Can Dance). Les albums de Klaus Schulze ont beau être classés au rayon New Age à City Music, le plus grand disquaire de Berlin, nul besoin d'avoir des oreilles très affutées pour l'extirper du lot des oiseux. Shawdolands contient trois longs morceaux, cinq pour l'édition limitée double cd. Certes la pochette est moche, mais ce n'est pas bien grave. Ses dimensions sont monumentales, on met du temps à s'en imprégner, c'est la qualité première d'un bon disque. Il révèle et en révèlera d'autres, de qualités.

Schulze-Schickert Session (1975). Indépendamment de La Vie électronique est sortie une superbe session inédite : The Schulze-Schickert Session, Klaus Schluze avec le guitariste Günther Schickert. Ils se connaissent depuis Psy Free, un groupe d'avant le déluge, d'avant le tsunami électronique et expérimental allemand, genre 1967. Deux vieux amis se retrouvent donc ce 26 septembre 1975 au studio de Klaus Schulze, lui-même aux claviers et Günther Schickert à la guitare douze cordes. Splendides retrouvailles.

Klaus Schulze & Lisa Gerrard : duo au sommet. Les carrières de Klaus Schulze et de Lisa Gerrard connaissent un détour aussi beau que inattendu, y compris d'eux-mêmes. Ils étaient là seulement pour faire quelques essais dans le home studio de Klaus Schulze, à Hambühren, en novembre 2007. La fusion des symphonies synthétiques et de la voix féminine et sépulcrale de Dead Can Dance, est apparu comme une évidence cristalline, tant leurs univers sont tous deux portés vers des hauteurs spirituelles épurées. Il en a d'abord résulté rien de moins qu'un double album, Farscape, publié en juillet 2008, d'une beauté à donner des frissons. Quelques jours après sa sortie le duo s'est produit sur scène lors du Night of the Prog Festival à Loreley en Allemagne. Il en résulte le DVD Klaus Schulze feat. Lisa Gerrard : Rheingold, Live at Loreley. En septembre 2009 ils ont sillonné l'Europe, se produisant à Varsovie, Berlin, Amsterdam, Essen, Paris (La Cigale) et Bruxelles. Lisa Gerrard a assuré seule le concert d'Essen, l'état de santé de Klaus Schulze connaissant de périodiques moments douloureux malheureusement non feints (problèmes de dos et de pancréas). De superbes photos des concerts de Bruxelles et Paris sont à consulter sur le blog Alpha Lyra.

Lisa. La très fructueuse collaboration avec Lisa Gerrard donne corps à un nouvel album, le triple CD Dziekuje Bardzo : Vielen Danke (enregistré lors de concerts à Berlin et Varsovie en novembre 2008) publié par SPV en mai 2009. SPV publie séparément un DVD contenant les images du concert donné à Varsovie.

Chronique de la seconde édition du livre de Dominique Roux, Klaus Schulze, un saut dans l'inconnu.

L'américain Greg Allen a publié Klaus Schulze: Electronic Music Legend en 2008.

Rééditions. Revisited Records a réédité la majorité des albums de Klaus Schulze, qu'il a lui-même remasterisés. Ces rééditions sont augmentées de bonus inédits.

Site officiel : www.klaus-schulze.com

© Eric Deshayes - neospheres.org