Retour à la page Heldon - Richard Pinhas
Le septième album d'Heldon sort en 1979 sur le label Egg. Son titre Stand By est pérmonitoire, car après quelques concerts Heldon fait effectivement une longue pause. Ses musiciens restent très actifs, de nombreux disques en témoignent. Le trio Hervé Picart, Richard Pinhas et François Auger publie sous le nom de Ose l'album Adonia (Egg, 1978), une très bonne planerie synthétique d'époque. Georges Grunblatt conçoit l'album K-Priss (Polydor, 1980). Jean-Philippe Goude réalise Drones (Polydor, 1980) avec d'anciens membres d'Heldon et de Magma, tandis que Patrick Gauthier mène en parallèle, avec à peu près les mêmes musiciens, le projet Bébé Godzilla (Cy Records, 1980).
Sur Iceland (Polydor, 1979), Richard Pinhas est seul aux synthés et guitares, faisant appel à d'autres musiciens uniquement sur le titre Greenland, François Auger à la batterie et Jean Philippe Goude au Minimoog. Les morceaux figurant sur Iceland sont parmi les plus proches de ceux de l'allemand Klaus Schulze, bénéficiant alors d'une grande renommée, et reconnu comme une référence majeure des musiques synthétiques.
En 1980, East West de Richard Pinhas est publié par la grande maison de disques CBS, ce qui fera dire à certains qu'il s'agit de son disque le plus "commercial". Effectivement, on peut par exemple considérer le titre Houston 69 - The Crash Landing comme une version plus accessible d'Heldon, Richard Pinhas s'en donne à coeur joie, robotisant la voix de Norman Spinrad pour un résultat sidérant, une expérimentation au vocoder qui inspirera d'ailleurs le personnage de la chanteuse virtuelle Cyborg Sally dans le livre de Norman Spinrad Rock Machine (1985). Avec East West Richard Pinhas nous donne sa vision musicale de l'ultra-urbanisme, il nous fait traverser ces mégalopoles que sont Houston, Londres, Kyoto, New-York et Paris à travers un road movie sonore à l'échelle planétaire. Il s'agit d'un concept-album à l'image d'Autobahn de Kraftwerk ou de Low de David Bowie. Une référence directe est d'ailleurs faite avec le titre "London : sense of doubt", en hommage à "Sense of doubt " sur l'album Heroes de David Bowie.
Avec L'Ethique (Pulse, 1982) Richard Pinhas insuffle à nouveau une forte dose de philosophie dans ses thèmes musicaux et s'offre même le privilège de faire revenir Gilles Deleuze dans le champ musical, 10 ans après l'expérience Schizo et le fameux Voyageur. Le verbe de Deleuze est toujours aussi fascinant de justesse (pour les accros, il est fortement conseillé de visionner le coffret vidéo L'Abécédaire de Gilles Deleuze).
Après L'Ethique Richard Pinhas s'attaque à un autre projet d'album, annonçant le titre Sein und Zeit : The rise and Fall of Joe Chip dans une interview donnée en 1982. Toutefois, le show-business le rebute, il sent aussi qu'il n'a plus d'idées musicales nouvelles à apporter et nous touchera finalement pas sa guitare pendant six années. Il préfère se réinvestir dans ses projets philosophiques, travaille sur un ouvrage consacré à Nietzsche (quelques articles ressortent de ses travaux) et assiste aux cours de Gilles Deleuze. Il s'adonne aux sports de montagne, ski et parapente... En 1987 il revend même une bonne partie de son matériel, ne gardant que quelques synthés analogiques (Prophet X, Oberheim, MiniMoog) et un synthé numérique WS.
Au début des années 90, les rééditions des albums d'Heldon et de ses albums solo reçoivent un accueil très positif, tant aux Etats-Unis qu'en Europe et au Japon. Ce regain d'intérêt pour sa musique incite Richard Pinhas à se tourner de nouveau vers ses instruments. L'album DWW, une abréviation d'une citation de Nietzsche, voit finalement le jour en juin 1992. DWW contient du matériel musical conçu entre 1983 et 1991, dont une plage enregistrée en 1983 avec Eric Serra, futur compositeur des musiques des films de Luc Besson.
Pleinement revenu dans une phase de création musicale Richard Pinhas fait paraître Cyborg Sally (1994), sur lequel on retrouve les "ex-Heldon" Patrick Gauthier et Didier Batard, et la voix de Norman Spinrad sur une plage. Cyborg Sally est surtout le fruit de sa collaboration avec John Livengood (celui-là même qui collabora avec Red Noise et qui joua dans le Zeff de Didier Malherbe). Richard Pinhas sort ensuite l'album solo De l’Un et du Multiple (1997), qui réactualise les frippertronics. La sortie d'un nouvel album d'Heldon en 1998, Only Chaos is Real, ressemble aujourd'hui à l'un des rares faux pas dans sa discographie. Le casting est pourtant encourageant : Norman Spinrad, Maurice G. Dantec, le musicien Jérôme Schmidt également créateur du fanzine Art Zero, le batteur Antoine Paganotti . Mais l'album est dans l'ensemble peu convaincant, mis à part peut-être le titre phare de l'album Only Chaos is Real, une chanson métal-pop qui sonne comme un leitmotiv. Les prestations live avec cet Heldon nouvelle mouture furent un peu plus réussies.
Richard Pinhas joue ensuite les duettistes. Tout d'abord il élabore avec Peter Frohmader l'imposant Fossil Culture (Cuneiform, 1999), un album composé de strates sonores industrielles. Il retrouve son vieil ami Pascal Comelade pour l'enchanteur Obliques Sessions II (Les Disques du Soleil et de l'acier, 1999).
Puis il démarre une fructueuse collaboration avec l'écrivain Maurice G. Dantec. L'auteur de néo-polars ("Les Racines du mal", "Babylon Babies") n'est pas tout à fait un débutant en musique. Il a participé au groupe post-punk Artefact, qui a publié un disque au début des années 80. Ils s'admirent mutuellement, chacun trouvant en l'autre de nombreux points communs et "lignes de fuite". Pinhas et Dantec se rencontrent à la fin des années 90 et créent l'entité Shizotrope. Maurice G. Dantec y appose sa voix et surtout son discours cyber-punk décapant. Les compositions musicales de Pinhas trouvent là leur idéal littéraire. Trois albums naissent de cette rencontre : Le Plan (Cuneiform, 1999), Schizotrope The Life and Death of Mary Zorn (Cuneiform, 2000) et Le / Pli (Emma / Night & Day, 2001).
Richard Pinhas est bel et bien revenu dans une pleine période créatrice. En solo, sa guitare ne semble plus vouloir s'arrêter de déverser ses frippertronics. De l'écoute et de la dissection de 70 heures d'enregistrement naît Event and Repetitions (Cuneiform, 2002). De plus, Richard Pinhas réussit à mener de front activités philosophiques et activités musicales. Il est l'auteur des retranscriptions des cours de Gilles Deleuze publiées sur le site WebDeleuze et a écrit Les Larmes de Nietzsche : Deleuze et la musique (Flammarion, 2001). Autre ouvrage, Deleuze Epars : Approches et portraits a été édité par Hermann en novembre 2005. Il s'agit d'un recueil de textes réunis par André Bernold et Richard Pinhas : "pour honorer sa mémoire, dix ans aprés sa tragique disparition, quinze auteurs, disciples, collègues ou amis du philosophe racontent leur relation avec Gilles Deleuze et analysent les lignes de force de son œuvre". Enfin, début mai 2006 Gallimard sort Deleuze va au cinéma, un coffret de 6 cd audio contenant des cours sur le cinéma, l'image-mouvement et l'image-temps. Ces cd ont été réalisés sous la direction de Claire Parnet et Richard Pinhas, dans la collection A voix haute.
Richard Pinhas avait également commencé une collaboration avec l'américain Hubert Selby, auteur notamment de Last Exit to Brooklyn (1964) et Requiem for a Dream (1978). Conçu au départ comme un livre d'entretiens avec l'auteur, Psaumes (IMHO, 2005) a changé de nature après le décès d'Hubert Selby, le 26 avril 2004, d'une maladie pulmonaire chronique. L'ouvrage s'est transformé en une somme de documents inédits autour de l'univers du romancier et de textes de ses contemporains et admirateurs de longue date (Bruce Benderson, Laurent Bouhnik, John Giles, Richard Pinhas, Norman Spinrad, Nick Tosches). Un DVDPlus accompagnant ce livre contient une vidéo de 50 minutes de lecture de l'auteur, tournée à Los Angeles en 2002, ainsi que "Psaumes", une composition musicale enregistrée avec Richard Pinhas en 2003.
La partie 1968-1978, auparavant publiée ici, a été retirée de cette page pour être retravaillée et intégrée à l'ouvrage L'Underground musical en France (Ed. Le Mot et Le Reste, 2008 - nouvelle édition 2013). Ci-dessous, en bonus web, la partie 1979-2008 publiée sous une forme beaucoup plus réduite dans l'ouvrage.
Le septième album d'Heldon sort en 1979 sur le label Egg. Son titre Stand By est pérmonitoire, car après quelques concerts Heldon fait effectivement une longue pause. Ses musiciens restent très actifs, de nombreux disques en témoignent. Le trio Hervé Picart, Richard Pinhas et François Auger publie sous le nom de Ose l'album Adonia (Egg, 1978), une très bonne planerie synthétique d'époque. Georges Grunblatt conçoit l'album K-Priss (Polydor, 1980). Jean-Philippe Goude réalise Drones (Polydor, 1980) avec d'anciens membres d'Heldon et de Magma, tandis que Patrick Gauthier mène en parallèle, avec à peu près les mêmes musiciens, le projet Bébé Godzilla (Cy Records, 1980).
Sur Iceland (Polydor, 1979), Richard Pinhas est seul aux synthés et guitares, faisant appel à d'autres musiciens uniquement sur le titre Greenland, François Auger à la batterie et Jean Philippe Goude au Minimoog. Les morceaux figurant sur Iceland sont parmi les plus proches de ceux de l'allemand Klaus Schulze, bénéficiant alors d'une grande renommée, et reconnu comme une référence majeure des musiques synthétiques.
En 1980, East West de Richard Pinhas est publié par la grande maison de disques CBS, ce qui fera dire à certains qu'il s'agit de son disque le plus "commercial". Effectivement, on peut par exemple considérer le titre Houston 69 - The Crash Landing comme une version plus accessible d'Heldon, Richard Pinhas s'en donne à coeur joie, robotisant la voix de Norman Spinrad pour un résultat sidérant, une expérimentation au vocoder qui inspirera d'ailleurs le personnage de la chanteuse virtuelle Cyborg Sally dans le livre de Norman Spinrad Rock Machine (1985). Avec East West Richard Pinhas nous donne sa vision musicale de l'ultra-urbanisme, il nous fait traverser ces mégalopoles que sont Houston, Londres, Kyoto, New-York et Paris à travers un road movie sonore à l'échelle planétaire. Il s'agit d'un concept-album à l'image d'Autobahn de Kraftwerk ou de Low de David Bowie. Une référence directe est d'ailleurs faite avec le titre "London : sense of doubt", en hommage à "Sense of doubt " sur l'album Heroes de David Bowie.
Avec L'Ethique (Pulse, 1982) Richard Pinhas insuffle à nouveau une forte dose de philosophie dans ses thèmes musicaux et s'offre même le privilège de faire revenir Gilles Deleuze dans le champ musical, 10 ans après l'expérience Schizo et le fameux Voyageur. Le verbe de Deleuze est toujours aussi fascinant de justesse (pour les accros, il est fortement conseillé de visionner le coffret vidéo L'Abécédaire de Gilles Deleuze).
Après L'Ethique Richard Pinhas s'attaque à un autre projet d'album, annonçant le titre Sein und Zeit : The rise and Fall of Joe Chip dans une interview donnée en 1982. Toutefois, le show-business le rebute, il sent aussi qu'il n'a plus d'idées musicales nouvelles à apporter et nous touchera finalement pas sa guitare pendant six années. Il préfère se réinvestir dans ses projets philosophiques, travaille sur un ouvrage consacré à Nietzsche (quelques articles ressortent de ses travaux) et assiste aux cours de Gilles Deleuze. Il s'adonne aux sports de montagne, ski et parapente... En 1987 il revend même une bonne partie de son matériel, ne gardant que quelques synthés analogiques (Prophet X, Oberheim, MiniMoog) et un synthé numérique WS.
Au début des années 90, les rééditions des albums d'Heldon et de ses albums solo reçoivent un accueil très positif, tant aux Etats-Unis qu'en Europe et au Japon. Ce regain d'intérêt pour sa musique incite Richard Pinhas à se tourner de nouveau vers ses instruments. L'album DWW, une abréviation d'une citation de Nietzsche, voit finalement le jour en juin 1992. DWW contient du matériel musical conçu entre 1983 et 1991, dont une plage enregistrée en 1983 avec Eric Serra, futur compositeur des musiques des films de Luc Besson.
Pleinement revenu dans une phase de création musicale Richard Pinhas fait paraître Cyborg Sally (1994), sur lequel on retrouve les "ex-Heldon" Patrick Gauthier et Didier Batard, et la voix de Norman Spinrad sur une plage. Cyborg Sally est surtout le fruit de sa collaboration avec John Livengood (celui-là même qui collabora avec Red Noise et qui joua dans le Zeff de Didier Malherbe). Richard Pinhas sort ensuite l'album solo De l’Un et du Multiple (1997), qui réactualise les frippertronics. La sortie d'un nouvel album d'Heldon en 1998, Only Chaos is Real, ressemble aujourd'hui à l'un des rares faux pas dans sa discographie. Le casting est pourtant encourageant : Norman Spinrad, Maurice G. Dantec, le musicien Jérôme Schmidt également créateur du fanzine Art Zero, le batteur Antoine Paganotti . Mais l'album est dans l'ensemble peu convaincant, mis à part peut-être le titre phare de l'album Only Chaos is Real, une chanson métal-pop qui sonne comme un leitmotiv. Les prestations live avec cet Heldon nouvelle mouture furent un peu plus réussies.
Richard Pinhas joue ensuite les duettistes. Tout d'abord il élabore avec Peter Frohmader l'imposant Fossil Culture (Cuneiform, 1999), un album composé de strates sonores industrielles. Il retrouve son vieil ami Pascal Comelade pour l'enchanteur Obliques Sessions II (Les Disques du Soleil et de l'acier, 1999).
Puis il démarre une fructueuse collaboration avec l'écrivain Maurice G. Dantec. L'auteur de néo-polars ("Les Racines du mal", "Babylon Babies") n'est pas tout à fait un débutant en musique. Il a participé au groupe post-punk Artefact, qui a publié un disque au début des années 80. Ils s'admirent mutuellement, chacun trouvant en l'autre de nombreux points communs et "lignes de fuite". Pinhas et Dantec se rencontrent à la fin des années 90 et créent l'entité Shizotrope. Maurice G. Dantec y appose sa voix et surtout son discours cyber-punk décapant. Les compositions musicales de Pinhas trouvent là leur idéal littéraire. Trois albums naissent de cette rencontre : Le Plan (Cuneiform, 1999), Schizotrope The Life and Death of Mary Zorn (Cuneiform, 2000) et Le / Pli (Emma / Night & Day, 2001).
Richard Pinhas est bel et bien revenu dans une pleine période créatrice. En solo, sa guitare ne semble plus vouloir s'arrêter de déverser ses frippertronics. De l'écoute et de la dissection de 70 heures d'enregistrement naît Event and Repetitions (Cuneiform, 2002). De plus, Richard Pinhas réussit à mener de front activités philosophiques et activités musicales. Il est l'auteur des retranscriptions des cours de Gilles Deleuze publiées sur le site WebDeleuze et a écrit Les Larmes de Nietzsche : Deleuze et la musique (Flammarion, 2001). Autre ouvrage, Deleuze Epars : Approches et portraits a été édité par Hermann en novembre 2005. Il s'agit d'un recueil de textes réunis par André Bernold et Richard Pinhas : "pour honorer sa mémoire, dix ans aprés sa tragique disparition, quinze auteurs, disciples, collègues ou amis du philosophe racontent leur relation avec Gilles Deleuze et analysent les lignes de force de son œuvre". Enfin, début mai 2006 Gallimard sort Deleuze va au cinéma, un coffret de 6 cd audio contenant des cours sur le cinéma, l'image-mouvement et l'image-temps. Ces cd ont été réalisés sous la direction de Claire Parnet et Richard Pinhas, dans la collection A voix haute.
Richard Pinhas avait également commencé une collaboration avec l'américain Hubert Selby, auteur notamment de Last Exit to Brooklyn (1964) et Requiem for a Dream (1978). Conçu au départ comme un livre d'entretiens avec l'auteur, Psaumes (IMHO, 2005) a changé de nature après le décès d'Hubert Selby, le 26 avril 2004, d'une maladie pulmonaire chronique. L'ouvrage s'est transformé en une somme de documents inédits autour de l'univers du romancier et de textes de ses contemporains et admirateurs de longue date (Bruce Benderson, Laurent Bouhnik, John Giles, Richard Pinhas, Norman Spinrad, Nick Tosches). Un DVDPlus accompagnant ce livre contient une vidéo de 50 minutes de lecture de l'auteur, tournée à Los Angeles en 2002, ainsi que "Psaumes", une composition musicale enregistrée avec Richard Pinhas en 2003.