CHARLES MINGUS : le jazz est un orage

Contrebassiste, pianiste et, par-dessus tout, compositeur, Charles Mingus est le maître créateur d'une œuvre à la mesure et à la démesure de sa personnalité : impulsive, composite et engagée. Elle agrège la tradition afro-américaine (blues, gospel), le swing coloré de Duke Ellington et les acquis du be-bop. Elle flirte avec l'écriture classique occidentale et anticipe la révolution du free jazz. La multiplicité de ses sources, la difficile conjugaison de la partition et de l'improvisation sont autant d'énergies contradictoires que Mingus assemble sciemment comme un orage a besoin de forces magnétiques opposées pour éclater.

Homme de toutes les limites et zones en rupture de ban, Charles Mingus naît en 1922 à Nogales en Arizona, à la frontière mexicaine. Il ne connaîtra pas sa mère, décédée six mois après sa naissance. Il est élevé par sa grand-mère, sa belle-mère et son père, un ancien militaire devenu postier s'imaginant une filiation avec Abraham Lincoln. Il grandit dans le quartier multiracial de Watts à Los Angeles, tristement célèbre pour ses émeutes de 1965. En raison de ses origines très métissées (africaines, suédoises, mexicaines, asiatiques), Charles Mingus est très vite confronté à la discrimination raciale. "Couleur de chiasse", ainsi définit-il la couleur de sa peau dans sa succulente autobiographie Moins qu'un chien, une couleur qui lui vaut d'être à la fois rejeté par les Blancs parce que trop foncé, et rejeté par les Noirs parce que trop clair. Il aura bien quelques amis d'origine asiatique mais avec eux le problème est celui de la barrière de la langue. De ce contexte il garde des notions d'arts martiaux, ça peut servir, un caractère explosif à la limite de la paranoïa, les circonstances lui apportant souvent de sérieux arguments.

Mingus à la fin des années 40 (coffret 4 cd The Young Rebel (Proper Records, 2004)

A l'église, la Holiness Church, il découvre le blues, les preachers, le gospel et cet étrange pouvoir qu'a la musique de faire entrer les fidèles dans un état de transe. Il joue du trombone dès l'âge de six ans, mais à douze ans, c'est un autre tromboniste en herbe, son ami Britt Woodman, qui le persuade d'apprendre à jouer du violoncelle, instrument sur lequel Mingus s'exerce en jouant des thèmes de musique classique avec ses demi-sœurs, Grace et Vivian, l'une au violon, l'autre au piano.

Plus tard, ses amis Britt Woodman et le saxophoniste Buddy Collette l'encouragent à travailler son jeu de violoncelle et à l'adapter à la contrebasse pour qu'il puisse intégrer leur groupe. En 1938, Buddy Collette commence sa carrière de musicien professionnel et présente à Mingus le contrebassiste Red Callender. Il lui enseigne sa technique pour obtenir un jeu puissant, en tirant les cordes avec vigueur, parce qu'il est préférable d'obtenir un volume sonore maximal pour se faire entendre à côté de la section à vent d'un orchestre. Cela restera l'une des caractéristiques de son style véloce et imposant. Musicien, Mingus se sent aussi compositeur dans l'âme. Dès cette époque il écrit d'ambitieuses pièces incorporant ses influences jazz et classiques, voire contemporaines. Selon ses propres déclarations les compositions "Half-Mast Inhibition" et "The Chill of Death" auraient été écrites vers 1939.

En 1940 c'est à nouveau Buddy Collette qui lui met le pied à l'étrier en lui décrochant son premier engagement avec Lee Young. En 1941, alors que Duke Ellington effectue une tournée sur la Côte Ouest, Charles Mingus a l'occasion de jammer avec son contrebassiste, Jimmy Blanton, l'un des premiers à développer un jeu soliste et mélodique sur l'instrument. Alors que les Etats-Unis entre en guerre, Mingus est réformé. Ses amis Britt Woodman et Buddy Collette sont mobilisés et, sur la Côte-Ouest comme ailleurs, il faut faire face à une pénurie de musiciens. Mingus trouve alors de nombreux engagements. En 1943, il part en tournée avec l'orchestre de Louis Armstrong, tournée qui passera par le Canada. L'une des premières séances studio de Charles Mingus, si ce n'est la première, a lieu à Los Angeles, début 1943, avec "Louis Armstrong And His Orchestra", produite par les services radio des forces armées. Les enregistrements de cette époque sont particulièrement rares. Et pour cause, une importante grève, initiée par l'American Federation of Musicians, dure de l'été 1942 à l'automne 1943. Les premiers développements de l'ère du be-bop se font ainsi à l'écart des studios. Appréciant assez peu les clowneries oncle-tomistes d'Armstrong, Charles Mingus regagne Los Angeles où il écume les clubs et rencontre pour la première fois Eric Dolphy. Mingus travaille son jeu et suit l'enseignement de Herman Rheinschagen, ancien bassiste du New York Philharmonic. Il fait la connaissance de Camilla Jeanne Gross, avec qui il se marie et aura un fils, Charles III (il aura trois autres fils, Eugene, Dorian et Eric, et une fille, Carolyn, avec ses autres femmes Celia Nielson, Judy Starkey et Susan Graham). En 1945, l'activité des studios reprend. L'ère des Big Bands touche à sa fin, de nouveaux styles apparaissent aussi, les prémices du Rythym'n Blues laissent espérer d'importants bénéfices. Début 1945, au retour de Britt Woodman et Buddy Collette, Charles Mingus forme avec eux, Spaulding Givens et Roy Porter, le Charles Mingus Quintette, enregistrant ainsi ses premiers microsillons sous son nom. Il devient un instrumentiste très demandé. Il tourne avec l'orchestre de Illinois Jacquet et accompagne avec celui-ci Billie Holiday en concert, comme en témoigne les deux faces "Body And Soul" et "Strange Fruit", gravées par Verve en février 1945. De même, il joue au sein de l'orchestre de Lucky Thompson et accompagne avec cette formation la chanteuse Dinah Washington pour son album Mellow Mama en décembre 1945. A partir de 1946, parallèlement à ses divers engagements, Charles Mingus multiplie les formations : Charles Mingus Orchestra, Charles Mingus Sextette, Baron Mingus And His Octet, Baron Mingus Presents His Symphonic Airs... Il enregistre bon nombre de faces, dont une première version de "The Chill of Death" pour Columbia en février 1947, restée inédite. Début 1947, Charles Mingus intègre la section rythmique de l'orchestre de Lionel Hampton et va y officier pendant environ un an et demi. Hampton lui confie des travaux d'arrangements et inclut même au répertoire du big band une composition du contrebassiste, "Mingus Fingers", enregistré pour Decca en novembre 1947. Arrivé l'été 1948 son engagement dans l'orchestre de Lionel Hampton prend fin . Mingus retrouve son mentor Red Callender à San Francisco, répète et enregistre avec divers big bands, travaille avec Red Norvo et accompagne Billie Holiday.

De retour à Los Angeles, les occasions de jouer se font plus rares et décourage le jeune contrebassiste. Il laisse de côté ses activités musicales et trouve un travail de postier. Mingus occupe cet emploi lorsque le vibraphoniste Red Norvo et le guitariste Tal Farlow l'invitent à se joindre à eux. A partir du début de l'année 1950, il tourne avec le Red Norvo Trio et enregistre de très plaisantes plages de cool jazz, plus d'une soixantaine en un an et demi. En septembre 1951, la rupture avec le Red Norvo Trio est abrupte. Alors que le trio est engagé pour participer à des expérimentations de télévision en couleur (un comble), on lui fait comprendre qu'il ne peut pas apparaître à l'écran en compagnie de ses deux acolytes blancs, la mixité raciale étant proscrite sur la WCBS. Charles Mingus n'accepte aucune compromission et quitte le trio.

Le coffret 4 CD The Young Rebel (Proper Records, 2004) documente judicieusement cette première période de la carrière de Charles Mingus, de 1945 à 1953, intégrant notamment "Mingus Fingers", une série d'enregistrements avec le Red Norvo Trio, ou encore un très amusant scat de Baron Mingus and His Rhythm, "Boppin' Boston" enregistré en 1949.

En quittant le Red Norvo Trio, Charles Mingus perd une situation stable et rémunératrice, mais il gagne une liberté de mouvements. Il devient l'un des bassistes de premier plan de l'ère bop, alors au plus haut. Il joue, sur scène, en club ou sur disque auprès Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Max Roach, Bud Powell, Miles Davis... En 1952, Charles Mingus fonde avec Max Roach le label indépendant Debut sur lequel est publiée la session historique The Greatest Jazz Concert Ever, rien de moins que "le plus grand concert de jazz de tous les temps". Le 15 mai 1953 au Massey Hall de Toronto sont réunis Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell, Max Roach et Charles Mingus, soit la dream team de l'ère be-bop. Le même soir a lieu un combat de boxe d'importance, le face à face Jersey Joe Walcott / Rocky Marciano. Le match préoccupe les musiciens à un point tel qu'à la pause certains se rendent dans le bar d'en face pour être tenu informé de la situation sur le ring. D'où peut-être les tensions qui émaillent le concert et la déclaration que Mingus fit au public, quelque chose comme : "Veuillez les excuser, je n'ai rien à voir avec ces incapables ".

En 1953, Charles Mingus concrétise un rêve, celui de jouer dans l'orchestre de Duke Ellington. Le rêve est vite écourté par sa hargne bien réelle celle-là. Il est viré après avoir brandi une hache de sécurité incendie au visage de Juan Tizol (coauteur du thème "Caravan") suite à une réflexion déplacée qu'il considéra comme raciste. Il ne lui reste plus qu'à diriger sa propre formation. En 1955, Mingus fonde son premier "Jazz Workshop", un atelier de jazz destiné à mettre en œuvre ses expérimentations et compositions se nourrissant de toutes les influences et expériences qu'il a ingérées et traversées. Il puise à la fois dans la musique classique occidentale et aux racines de la musique noire américaine, le gospel et le blues. Il s'inspire du jazz ellingtonien tout en faisant une large place aux acquis du be-bop. L'atelier permet de mettre en mouvement une musique en partie écrite mais qui ne peut avoir d'existence que par la sollicitation en direct d'instrumentistes, de préférence chevronnés. Par ses interventions vocales (cris, onomatopées, grognements...) Charles Mingus injecte dans l'exécution de ses compositions une force et une expressivité sans pareil, poussant ses musiciens dans leurs derniers retranchements. Certaines de ses compositions sont réputées injouables et, pour couronner le tout, Mingus est un acharné, imposant ses plans en n'hésitant pas à hausser le ton.

La première œuvre d'importance de Charles Mingus est l'album Pithecantropus Erectus. Une première mouture avait bien été captée au Cafe Bohemia à New York en décembre 1955, publiée par Debut, mais c'est en janvier 1956, avec un personnel renouvelé que la difficile osmose est atteinte, cette fois pour la division jazz de la compagnie Atlantic lancée un an plus tôt. Pithecantropus Erectus marque un véritable tournant, celui où la synthèse de styles que constitue le projet mingusien prend forme en un langage nouveau. Formant un quintette avec Jackie McLean (sax alto), J.R. Moterose (sax ténor), Mal Waldron (piano) et Willie Jones (batterie), il dépeint à travers ce disque une fascinante plongée dans une ambiance urbaine des années 30. On croirait entendre l'orchestre jouer sur le trottoir d'une rue embouteillée de New York ! Dès lors la tectonique mingusienne est en place et va engendrer une œuvre riche et contrastée, où chaque disque contient ses trouvailles et arbore un certain panache. Charles Mingus va enregistrer pour les trois grandes compagnies concurrentes, Atlantic, Columbia et RCA. Pour Atlantic il enregistre en 1957 The Clown, sur lequel intervient pour la première fois le batteur Dannie Richmond, son désormais frère siamois à la rythmique. L'album, qui ne sera publié qu'en 1960, contient le thème, récurrent par la suite, "Haitian Fight Song", titre déjà joué sur Cafe Bohemia mais qui prend cette fois toute sa dimension. Mingus expose tranquillement le thème à la basse pour conduire son orchestre comme on prend le volant d'un poids lourd sur des routes montagneuses, les plateaux et faux-plats sont alors propice à des soli, mais la basse négocie de méchantes embardées, comme autant de descentes où les souffleurs suivent en chœur des accélérations de tempo. Lorsque le rythme devient trépidant, Mingus pousse encore l'ensemble par des cris d'exultation à l'écoute d'une masse sonore jouissive. Plus encore que chez Ellington, Mingus demande des effets de growls, de vibrations imparfaites. Avec lui le son n'est jamais totalement clair, les fioritures et parasites participant à la richesse des nuances.

Blues & Roots (Atlantic, 1960)

Dans les studios d'Atlantic il enregistre également Blues and Roots, une déclinaison de son amour pour le gospel, le blues, évocation directe de ses racines, de son contact originel avec la musique à l'église. Et lorsqu'il fait appel à des clichés hispanisants sur Tijuana Moods (Columbia, 1957) se sont ses origines mexicaines du côté de sa mère qu'il convie. L'expression "couleur musicale" n'a rien de galvaudé dans son univers, elle complète au contraire un aspect insaisissable par partition interposée, sa signature de directeur d'orchestre. "Ysabel's Table Dance", "Los Mariachis", le choix des titres force ici le trait, mais ce choix est justement très souvent un moyen de communiquer directement l'effet voulu, la coloration d'ensemble. En 1957 / 58, le jeune réalisateur new-yorkais John Cassavetes ne si trompe pas en faisant appel à l'expressionnisme moderne de Mingus pour illustrer musicalement son film Shadows. Mingus ne sera cependant pas satisfait refusant son utilisation, mais Cassavetes ne l'écoutera heureusement pas. Son film colle à la musique, en bonne partie construit naturellement autour d'elle.

Mingus Dynasty (Columbia, 1959)

En 1959 Charles Mingus enregistre pour Columbia les albums Mingus Dynasty et Ah Hum. Les sonorités se font un peu plus polies sur Mingus Dynasty qui contient les superbes thèmes, "Diane" et "Far Wells", avec lesquels le contrebassiste recherche cette fois des colorations apparentées à la musique classique. Ah Hum recèle quant à lui une première version des fameuses "Fables of Faubus", emblématiques dans le répertoire de Mingus. Mais cette composition est publiée par Columbia sans les paroles brocardant le gouverneur raciste de l'Arkansas Orval Faubus. En outre, plusieurs morceaux des deux albums sont raccourcis par la maison de disques (les morceaux ont retrouvé leur durée initiale lors de rééditions ultérieures). Ces coupes mettent Mingus en rogne considérant que son travail n'a pas à être dénaturé de la sorte. Cela ne fait que raviver sa défiance vis à vis des maisons de disques et des professionnels de la musique en général, qu'ils soient producteurs, managers, propriétaires de salles de spectacles, journalistes...

En mai 1960, pour Mercury cette fois, Mingus enregistre l'album Pre-Bird (titré Mingus Revisited lors de plusieurs rééditions), qui rassemble l'interprétation de compositions datant d'avant sa rencontre avec Charlie "Bird" Parker. Quatre morceaux sont enregistrés avec l'orchestre de Gunther Schuller, dont "Mingus Fingers n°2", une réactualisation du titre joué avec Lionel Hampton, et la composition "Half-Mast Inhibition", brillant essai de "musique classique moderne" écrit aux alentours de l'année 1939. Avec une formation de neuf musiciens il enregistre cinq autres morceaux, dont "Eclipse", qu'il aurait écrit vers 1943 pour Billie Holiday, et "Weird Nightmare", un autre morceau chanté qui serait encore plus ancien, mais qui fut gravé une première fois en 1946.

Très remonté contre les institutions Mingus organise avec Max Roach le Newport Rebels, du 30 juin au 3 juillet 1960, pour défier le très officiel Newport Jazz Festival. Au Newport Rebels se produisent les formations de Mingus, Roach, Ornette Coleman, Randy Weston et Kenny Dorhman. Les participants fondent dans la foulée une association, la Jazz Artists Guild, pour défendre leurs droits. Cette organisation, qui ne perdurera pas, précède de quelques années la Jazz Composer's Guild Association, fondée par Bill Dixon en 1964. Deux disques témoignent du contre-festival organisé par Mingus et Roach : Newport Rebels et The Jazz Life, tous deux publiés en 1960 par Candid, le label indépendant fondé par le producteur et critique Nat Hentoff.

Dix jours après le Newport Rebels Mingus se produit en France, à Antibes Juan-les-Pins, avec Ted Curson, Booker Ervin, Dannie Richmond et Eric Dolphy, pour un concert entré dans les annales du jazz où les conversations musicales entre Mingus et Dolphy ont heurté une partie du public, sifflant au scandale. De ce concert est tiré Mingus At Antibes publié par Atlantic en 1976, l'un des disques les plus passionnants de Mingus. Tous les ingrédients sont là, la ferveur gospelisante ("Wednesday Night Prayer Meeting"), les compositions ou formes ouvertes, incitant à l'improvisation, qu'elle soit individuelle ou collective (les fantastiques "What Love ?" et "Folk Forms"), les filiations multiples avec la tradition du jazz (New Orleans, blues, be-bop...), et même un special guest, le pianiste Bud Powell ("I'll Remember April"). Mingus At Antibes est l'un des disques les plus "churchy" du contrebassiste et aussi l'un de ceux qui participent à l'explosion esthétique du Free Jazz.

Charles Mingus presents Charles Mingus (Candid, 1960)

A l'automne 1960, grâce à Candid et à l'album manifeste Charles Mingus presents Charles Mingus, Mingus trouve l'alchimie qui fait sonner ses complexes compositions enregistrées en studio comme de véritables performances live. On y entend des présentations de titres et ses interjections pour guider ses musiciens comme s'il s'agissait d'un concert. Le chaos organisé, les multiples ruptures de rythmes et emprunts, révèlent tout leur relief grâce à une prise de son brute, en directe sur le réel. On retrouve sur cet album "What Love ?" et "Folk Forms", deux bases thématiques jouées à Antibes, et le morceau "Fables of Faubus", retitré pour l'occasion "Original Fables of Faubus", soulignant bien qu'il s'agit là de la version initialement prévue, celle contenant l'échange mi-chanté entre Charles Mingus et Dannie Richmond. Celui-ci commence par : "Eh, Dannie cites-moi une poignée de gens ridicules" et Dannie Richmond de répondre : " Faubus, Rockfeller, Eisenhower". Mingus pointe du doigt Orval Faubus. Ce dernier avait demandé l'ajournement de l'admission d'une quinzaine de Noirs à l'université de Little Rock, à la rentrée 1957, de crainte que des émeutes se déclenchent.

Durant cette période 1959-1963, particulièrement active, Charles Mingus explore de nombreuses pistes, en solo, trio, moyennes formations et big bands. Parmi les plus marquantes, ou singulières, figure Mingus Plays Piano, une œuvre éminemment personnelle sur laquelle il joue en solo ses compositions et standards fétiches. Il ne cherche pas la virtuosité, bien qu'il semble en avoir les moyens, le piano lui servant à composer. Il surprend par le dépouillement de son jeu, à l'opposé de la surcharge à laquelle il est habitué. Il nous convie dans son intimité, celle du pianiste recherchant quotidiennement de nouvelles idées, traînassant sans doute derrière son clavier après le petit-déjeuner.

Money Jungle (Blue Note, 1962)

En 1962, pour l'album Money Jungle (Blue Note, 1962) Charles Mingus forme un triumvirat impérial avec Duke Ellington et Max Roach. Sur ce disque ça cogne, ça percute, ça slappe. Ils revisitent quelques grands thèmes d'Ellington pour un bœuf aussi dynamique que légendaire. En présence de son idole, Mingus maltraite avec bonheur les cordes de sa contrebasse, à la limite de la rupture. Duke Ellington parcourt avec autant de classe et dextérité les touches de son piano, s'aventurant jusqu'aux extrémités du clavier. Max Roach ballade ses baguettes sur les fûts et cymbales avec une exactitude et un à propos sidérants. Ils atteignent des sommets sur les pétaradants et déjantés "Caravan" et "Money Jungle"

La même année, en octobre, Charles Mingus tente l'aventure de la grande formation, plus de 30 musiciens, au Town Hall de New York, avançant avec fracas dans ses conceptions d'une musique classique noire impressionniste. De cette tentative résulte l'album The Town Hall Concert (The Complete Town Hall Concert pour la réédition cd, et augmenté, par Blue Note en 1994). Ce qui fut présenté et publié par la maison de disque United Artists sous le nom de "concert" au Town Hall, ne devait être pour Mingus qu'une répétition publique, et gratuite de surcroît, pour notamment mettre au point l'interprétation de l'imposant Epitaph, pièce indescriptible, réutilisant d'anciens matériaux provenant de "Pithecanthropus Erectus", "The Chill of Death" ou encore "Peggy's Blue Skylight". Ayant payé leur place les spectateurs furent donc assez désobligés de voir que certains des musiciens découvraient les partitions. Ce qui ne les empêchera pas d'applaudir à la fin des morceaux, finalement conquis. En outre, Mingus dissipera le malentendu en conseillant vivement aux spectateurs de se faire rembourser leur place. Cet atelier enregistré au Town Hall contient également "Freedom", morceau sur lequel Mingus lit un texte et se fait accompagner par un chœur chantant "Freedom for your daddy, freedom for your mama, freedom for your brothers and sisters, but no freedom for me", sur une musique évoquant la lente marche d'esclaves enchaînés. Mingus réitère l'expérience de la grande formation avec The Black Saint and The Sinner Lady (Impulse, 1963), mais en adoptant cette fois une démarche plus cadrée. Il en ressort une flamboyante suite quasi symphonique, dans le sillage d'Ellington et Stravinsky, chargée d'embardées et de réitérations thématiques. Deux titres enregistrés lors de la même session "II B.S." et "I X Love" viennent compléter l'album Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus (Impulse, 1963) enregistré six mois plus tard. Mingus répété cinq fois, plus une prière qu'un accès de fièvre égocentrique, puisque le compositeur dédie un thème à Lester Young et donne une nouvelle version de "Mood Indigo" de Duke Ellington.

L'année 1964 est marquée par sa rencontre avec l'actrice Susan "Sue" Graham et par une tournée européenne du Charles Mingus Sextet au mois d'avril. Le sextet est composé de Charles Mingus (contrebasse), Eric Dolphy (alto sax, clarinette basse, flûte), Clifford Jordan (ténor sax), Johnny Coles (trompette), Jaki Byard (piano) et Dannie Richmond (batterie). Il s'agit là d'une formation en or massif permettant à Mingus de concrétiser à la perfection ses propres attentes, en particulier d'offrir un cadre d'improvisation collective s'adaptant instantanément aux aspirations et à l'humeur de chacun des solistes. L'entente entre les musiciens est telle que chaque enregistrement de cette tournée est passionnant. Les thèmes sont souvent les mêmes ( "Fables of Faubus", "Meditation on Integration", "So Long Eric", "Orange was the Color of Her Dress Then Blue Silk"...), mais les développements que les musiciens en donnent sont à chaque fois très différents. Les deux volumes du Charles Mingus Sextet Concertgebouw Amsterdam April 10th 1964 sont particulièrement recommandés pour débuter dans l'écoute des albums live de cette tournée. La vidéo Charles Mingus Sextet (concert du 12 avril 1964 à Oslo, KJazz Productions, VHS) permet de découvrir "de visu" cette osmose. Même lorsqu'il ne joue pas, Eric Dolphy est impressionnant par la puissance méditative qu'il dégage.

Charles Mingus Sextet Concertgebouw Amsterdam 1964

Mais le rythme imposé aux musiciens par George Wein, le manager de la tournée, est infernal, une quinzaine de dates en un peu moins de trois semaines en Hollande, Suède, Allemagne, France, Belgique et Italie. Mingus le tient même pour responsable de la défaillance de Johnny Coles (un ulcère mal soigné qui se réveille). Il déclare forfait le 18 avril lors du premier concert parisien pour être hospitalisé. La tournée se prolonge en quintette jusqu'au concert du 28 avril au Mozartsaal de Stuttgart. Publié par la suite, Mingus In Stuttgart est un excellent témoignage. Ce live donne notamment à entendre une version de "So Long Eric" au cours de laquelle le dialogue Eric Dolphy / Charles Mingus, phase pivot du morceau, se mute en une captivante digression, les deux instrumentistes, atteignant les mêmes sommets fusionnels que lors de leur prestation à Antibes en 1960.

A l'issue de cette tournée Eric Dolphy reste en Europe pour jouer avec des musiciens locaux, à Paris et en Hollande. Il décède d'une crise cardiaque consécutive à un diabète le 29 juin 1964. Charles Mingus est profondément touché par sa disparition, perdant un ami avec qui il partageait intimement une liberté d'approche de la création musicale, en dehors de tous les courants prescripteurs. Lorsque Sue Mingus donne à Charles Mingus son quatrième fils, le 8 juillet 1964, il lui donne le prénom d'Eric. Selon Jacky Byard (Jazz Hot n°267, 1970) : "La mort de Dolphy a porté à Mingus un coup terrible. Mingus a tenu le coup jusqu'à Monterey, et puis il a préféré se taire que de s'aventurer plus loin dans une voie qu'il savait ne pas pouvoir prospecter seul".A Monterey, en septembre 1964, Charles Mingus monte un orchestre de douze musiciens et retrouve, entre autres, ses vieux amis Buddy Collette et Red Callender. L'année suivante, également en septembre à Monterey, il tente de faire jouer d'ambitieux projets de composition, mais doit jeter l'éponge au bout d'une vingtaine de minutes. Il réussit à faire jouer l'intégralité de son programme une semaine plus tard à l'Université de Californie, Los Angeles (UCLA). Cet épisode épique donne lieu à Music written for Monterey, 1965. Not heard... played in its entirety at UCLA, un double album pour lequel Mingus lance, une nouvelle fois, son propre label indépendant, Charles Mingus Enterprises, Inc., diffusé à l'origine uniquement par correspondance. Ainsi, le 1er décembre 1966 le quotidien new-yorkais The Village Voice contient une publicité prenant la forme d'une BD incitant à rejoindre le "Charles Mingus Record Club".

Mingus Moves (Atlantic, 1974)

Le contexte de la lutte pour les droits civiques est sulfureux, beaucoup de musiciens de la scène free feront d'ailleurs le choix de partir en Europe, parmi lesquelles, l'Art Ensemble of Chicago, Alan Silva, Sunny Murray et bien d'autres. Charles Mingus lui reste aux Etats-Unis, se considérant américain à part entière, mais il se sent persécuté, et est persécuté. Il se fait virer de son loft new-yorkais en 1966, accueillant les flics avec un fusil de chasse. La politique s'en mêle, la pop aussi. Mingus n'apprécie guère l'utilisation par les groupes anglais, les Beatles notamment, de structures héritées de la musique américaine. Selon son texte "What Is A Jazz Composer ?" (publié sur la pochette de Let My Children Hear Music), il reconnaît chez eux des mélodies empruntées aux standards "I Found A New Baby", "Nature Boy" ou encore "Ain't Necessarily So". Il traverse une période difficile, autant sur le plan financier que pyschologique, avant de progressivement refaire surface à partir de 1969. Il part pour une tournée en Europe en 1970 et au Japon en 1971, enregistrant à cette occasion quelques plages avec Toshiyuki Miyama And His New Herd Orchestra.

Let My Children Hear Music (Columbia, 1972)

Mais c'est véritablement avec Let My Children Hear Music, enregistré en septembre 1971 et publié par Columbia en 1972, qu'il fait son retour, et quel retour ! Ses ambitieuses compositions flirtant avec la musique classique trouvent sur cet album leurs versions les plus abouties, les plus éclatantes. Certaines furent ébauchées à l'UCLA en 1965 (The Shoes of The Fisherman, Don't Be Afraid, The Clown's Afraid Too), une autre, "Adagio Ma Non Troppo", date de son album Mingus Plays Piano (sous le nom "Myself When I am Real"). La composition "Chill of Death", vieille de plusieurs décennies est introduite par un poignant récitatif de Mingus lui-même. Les techniques et le matériel d'enregistrement en studio ont beaucoup évolué en quelques années, transformant le son des "albums de jazz", certains y perdant de leur patine. Mingus y trouve lui les moyens de concrétiser ses idées, jouant même avec quelques effets, notamment des bandes enregistrées d'un éléphant dans un cirque ou d'une tempête.

Il s'agit indéniablement de l'une de ses plus grandes réussites, une réussite qu'il doit peut-être aussi à une certaine forme d'humilité, confiant la transcription, les arrangements, et même la direction de l'orchestre à Sy Jonhson ou Alan Raph, selon les titres. Le magicien de studio Teo Macero, manipulateur des bandes de Bitches Brew de Miles Davis, intervient aussi sur "Don't Be Afraid". Un autre vieux projet aboutit également. Charles Mingus décroche un contrat d'édition pour ses mémoires, dont la rédaction avait démarré en 1962. Réduit de deux tiers Beneath The Underdog est finalisé avec Nel King et publié en 1971 aux Etats-Unis (l'édition française est publiée en 1973 sous le titre Moins qu'un chien). En 1972, le chorégraphe Alvin Ailey lui commande la composition d'une musique pour son ballet en trois actes The Life of Malcolm X.

Totalement relancé Mingus va régulièrement se produire lors de tournées en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, et va ajouter une petite dizaine d'opus à sa discographie déjà bien garnie. Il enregistre notamment en quintette le bien nommé Moves (1974), qui met en branle une dynamique détonante. Le mouvement est lancé par la rythmique ferroviaire de Don Pullen, dont le piano semble être fait du même bois que celui des trains de luxe Pullman. "Canon", "Wee" (signé Sy Johnson), "Opus 4", ou encore le bonus track du cd "Big Alice" (signé Don Pullen) laissent de côté le chaos des années 60 pour déployer une parfaite maîtrise des énergies vectorielles. Les soli de Georges Adams, au saxophone et à la flûte, y sont aussi pour beaucoup, ainsi que le sens du swing du trompettiste Ronald Hampton.

Avec Mingus At Carnegie Hall (1974) Charles Mingus renoue avec les joutes collectives post-bop. Le son dur et clinquant comme l'acier de cette session au cœur des années 70 donne à l'équipée sauvage, composée de Jon Faddis (trompette), Charles McPherson (sax alto), John Handy (sax alto et ténor), George Adams (sax ténor), Roland Kirk (sax ténor, strich), Hamiet Bluiett (sax baryton), Don Pullen (piano) et, bien-sûr, Dannie Richmond et Charles Mingus, une force expressive impressionnante. En décembre 1974 Charles Mingus entre à nouveau en studio, avec Jack Waltrath (trompette) George Adams, Don Pullen et Dannie Richmond pour enregistrer Changes One (Atlantic, 1975) et Changes Two (Atlantic, 1975), un diptyque qui renoue quant à lui avec ses petites formations du début des années 60, agiles sur tous terrains, du swing déluré aux aspirations contemporaines.

Cumbia & Jazz Fusion (Columbia, 1978)

Avec une énergie toujours aussi fraîche et communicative Charles Mingus enregistre au printemps 1977 Cumbia & Jazz Fusion, soit une décoction de jazz et de rythmes colombiens, importés au XVIIe siècle par les esclaves guinéens. Cet album, évoquant par moment Tijuana Moods, offre une face particulièrement festive, éponyme, et une autre plus solennelle, "Wedding March / Slow Waltz". Les colorations mingusiennes sont toutes là, africaines, afro-américaines, latines, classiques... Cumbia & Jazz Fusion, publié par Columbia en mai 1978, tiendra lieu de testament musical pour Charles Mingus. A l'automne 1977, alors qu'il se déplace maintenant avec une canne, il doit annuler une tournée européenne. Les médecins rendent leur verdict : sclérose latérale amyotrophique. Son état se dégrade rapidement et le contraint à se déplacer en fauteuil roulant. Amenuisé, il se rend avec une certaine aigreur à la Maison Blanche, en juin 1978, invité par le président des Etats-Unis Jimmy Carter.

Dans les derniers mois de sa vie Charles Mingus prend contact avec Joni Mitchell pour faire une adaptation musicale des Four Quartets de T.S. Elliot. Mais sentant ses forces le quitter il fait le choix de se réfugier à la Casa Verde, une maison à Cuernavaca au Mexique. Il y décède le 5 janvier 1979, à l'âge de 56 ans, d'une crise cardiaque provoquée par sa maladie. Quelques jours plus tard, 56 cachalots sont retrouvés échoués sur les côtes mexicaines. Ils sont incinérés le jour où les cendres de Charles Mingus sont répandues dans le Gange, par sa dernière compagne Sue Mingus. De cette coïncidence étrange est tirée la pièce de théâtre Mingus, Cuernavaca (Rouge Profond, 2003), mise en scène par Enzo Cormann au début des années 90 et mise en musique par Jean-Marc Padovani. De sa collaboration avortée avec Charles Mingus Joni Mitchell a tiré l'émouvant Mingus (Elektra, 1979), enregistré avec Wayne Shorter, Herbie Hancock et Jaco Pastorius, Peter Erskine, Don Alias et Emil Richards, album sur lequel on entend Mingus, discutant, riant et esquissant quelques mélodies au piano. A la fin de sa vie, selon lui pour préparer l'ornementation de sa propre pierre tombale, Mingus reprit l'élaboration de son grand œuvre, Epitaph, datant de 1962. C'est un ensemble de partitions avoisinant les 500 pages, nécessitant deux heures pour être jouée, que le musicologue Andrew Homzy découvrit en catalogant les archives de Mingus, aujourd'hui conservées à la Bibliothèque du Congrès. Epitaph fut interprété en 1989, pour rendre hommage à Mingus, dix ans après sa disparition, par un orchestre de 31 musiciens, comprenant quelques fidèles mingusiens (Britt Woodman, Georges Adams, John Handy, Jack Walrath), et d'autres fines lames (notamment les trompettistes Randy Brecker, Wynton Marsalis et Lew Soloff). L'orchestre était dirigé par Gunther Schuller qui déclara "la seule comparaison que je puisse trouver est le grand compositeur iconoclaste américain Charles Ives". Wynton Marsalis remarqua quant à lui : "cela ressemble à quelque chose que vous pourriez trouver dans un manuel d'apprentissage avec la mention "difficile"". Cette interprétation en forme d'hommage a donné lieu à l'album Epitaph (Sony, 1990). Depuis Gunther Schuller conduit régulièrement l'exécution de ce monument de complexité signé Charles Mingus. Depuis la fin des années 80 trois formations continuent de faire vivre sur scène la musique de Mingus : Mingus Dynasty, Mingus Big Band et Mingus Orchestra.

Dans les années 2000, Sue Mingus a mené une campagne particulièrement active pour lutter contre la diffusion de disques pirates de Charles Mingus. Elle s'est elle-même rendue chez des disquaires pour en ressortir avec les exemplaires illégaux sous le bras, sans les payer bien-sûr. Elle a fondé Revenge! et Sue Mingus Records pour éditer légalement les enregistrements pirates et a notamment publié le mythique double album Music written for Monterey, 1965. Not heard... played in its entirety at UCLA en septembre 2006. Elle est aussi à l'origine de la publication par Blue Note de Cornell 1964 (2007), un enregistrement inédit du sextette, daté du 18 mars 1964, en prélude à sa tournée européenne du mois suivant.

De nouvelles éditions d'inédits voient régulièrement le jour. Jazz Icones a publié en 2007, Charles Mingus Live in 64', un DVD de 2 heures comprenant trois concerts de la légendaire tournée européenne de 1964 ( Belgique, Norvège et Suède). Des "Complete edition" des concerts Salle Wagram et à Amsterdam de la tournée du Charles Mingus Sextet de 1964 avaient déjà (re)vu le jour fin 2009. Une réédition autrement plus rare a été publiée par Jazz Lips en 2010 : The Complete Bremen Concert, 2CD contenant l'intégralité du concert de Brême du 16 avril 1964, paru à l'origine en 3 vinyles. Ce même concert a connu une autre édition en 2020, cette fois-ci dans un coffret 4CD Bremen 1964 & 1975. Pour le concert de 1975, Charles Mingus est entouré des musiciens de l'époque de Changes One et Changes Two : George Adams (sax tenor), Jack Walrath (trompette), Don Pullen (piano) et Dannie Richmond (batterie).

Noël Balen, Mingus Erectus, les Fables de Charles (Le Castor Astral, 2016) En 2016, l'auteur de L'Odysée du Jazz Noël Balen a fait paraître un beau projet entièrement consacré à Charles Mingus : Mingus Erectus. Les Fables de Charles, un hommage en jazz poetry et en musique (un cd inclus), aux éditions Castor Astral.

Deux soirées au Ronnie Scott's Club de Londres les 14 et 15 août 1972 avaient été enregistrées par un studio mobile pour Columbia et devaient faire l'objet d'un album, qui ne vit pas le jour à l'époque. 50 ans plus tard, en 2022, ils ont finalement été officiellement publiés sous le titre The Lost Album From Ronnie Scott's. Charles Mingus se produisait alors avec Charles McPherson (alto sax), Bobby Jones (sax tenor, clarinette), Jon Faddis (trompette) et Roy Brooks (batterie). Exceptionnellement sans Dannie Richmond donc, qui dans ces années 1971-1972 a intégré Mark-Almond (groupe de tendance plus folk / jazz / pop formé par Jon Mark et Johnny Almond). Le coffret 3CD The Lost Album From Ronnie Scott's venait dignement célébrer le centenaire de la naissance de Charles Mingus, le 22 avril 2022, à l'occasion du disquaire day.

Bibliographie :

  • Christian Béthune, Charles Mingus (éditions du Limon - Collection Mood Indigo, 1988).
  • Charles Mingus et Nel King, Moins qu'un chien (traduit par Jacques B. Hess, Ed. Robert Laffont, 1973).
  • Didier Levallet, Denis-Constant Martin, L'Amérique de Mingus : musique et politique, les Fables of Faubus de Charles Mingus (P.O.L., 1990).
  • Jazz Hot n°453 (juin 1988) : Disco-compactothèque d'un architecte du son.
  • Jazz Magazine n°107 (juin 1964) : Un inconfortable après-midi avec Charles Mingus.
  • Jazz Magazine (1971) : Charles Mingus : le tête-à-tête londonien.
  • Et les livrets accompagnant les disques, notamment celui du coffret Charlie Mingus The Young Rebel (Proper Records, 2004) rédigé par Brian Priestley (par ailleurs auteur de Mingus: A Critical Biography (Quartet Books, Londres, 1982).

Vidéographie :

  • Charles Mingus Sextet (concert à Oslo, 12 avril 1964) (KJazz Productions, VHS 60mn) (réédité en dvd par Salt Peanuts sous le titre Orange was the colour of her dress, sans le morceau "Take The A Train", mais avec la vidéo de "I'll Remember April" filmée à Antibes en 1960).
  • Tom Reichman Mingus (58 mn, 1968 - DVD Rhapsody Films, 2005).
  • Charles Mingus Live At Montreux (concert du 25 juillet 1975) (DVD - Eagle Vision, 2004).
  • Don McGlynn Triumph of the Underdog (1997 - DVD : Sony, 2006).

Liens :

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