La quadrature du cercle, un disque par sa pochette
Explorer les perspectives infinies d'une pochette carrée renfermant cet obscur objet du désir définitivement rond.
KING CRIMSON : IN THE COURT OF CRIMSON KING (1969). La pochette de In The Court Of Crimson King est au rock ce que Le Cri de Munch est à la peinture. Une même expression
de douleur psychique s'en dégage. Cette douleur intense est peut-être l'anticipation d'une atteinte physique, par exemple une bombe au napalm qui
viendrait exploser à proximité, commençant à faire rougeoyer la peau avant qu'elle ne se liquéfie. Lire la chronique
SOFT MACHINE : THIRD (1970). Third de Soft Machine est un immense album, de ceux que nous découvrons avec une stupeur vierge, et qui conservent avec le temps
une source de plaisir inaltérable. Des années après ce moment d'épiphanie, nous plaçons toujours et encore Third sur notre platine avec ce même plaisir intense,
en nous préparant à être saisi, simultanément, par la beauté et l'effroi. Il restera sans doute à jamais l'album n°1, haut dans le firmament des étoiles éternelles,
celui qu'emportera Néosphères sur une île déserte, parce qu'il est la quintessence absolue du son réverbéré dans sa pure expression brute. Lire la chronique
SYD BARRETT : THE MADCAP LAUGHS (1970).The Madcap Laughs, littéralement « l'écervelé rit », cette pochette d'album est la mise en scène d'un délire rampant,
d'une anormalité assumée par son auteur. L'inquiétude est toute proche de la fascination chez le spectateur, comme le génie n'est jamais très loin de la
folie chez le créateur. Lire la chronique
PINK FLOYD, UMMAGUMMA par HIPGNOSIS (1969).Ummagumma de Pink Floyd est le parfait spécimen pour
cette rubrique puisqu'il s'agit d'une création de l'un des studios les plus célèbres et créatifs en la matière : Hipgnosis. Ce studio a été fondé en 1968
par Storm Thorgerson et Aubrey Powell. Ils fréquentèrent le même bahut que les futurs membres de Pink Floyd. Leur première création fut d'ailleurs
la pochette de l'album A Saucerful of Secrets. Lire la chronique
ROXY MUSIC, FOR YOUR PLEASURE (1973). Les pochettes des premiers albums de Roxy Music atteignent le comble du mauvais goût. Sur celle
du premier, Roxy Music, et sur celle du troisième, Stranded, ce sont des femmes prenant des poses lascives à la Playboy. Sur le second, For Your Pleasure,
Amanda Lear est en vamp dominatrice tout de cuir vêtue. Lire la chronique
BRIAN ENO, TAKING TIGER MOUNTAIN (BY STRATEGY) (1974). Dans son article « Eno chante avec les poissons », paru dans The Village Voice
en 1978, Lester Bangs se montrait particulièrement circonspect quant à l'utilité d'exposer les complexes processus créatifs utilisés par Brian Eno,
explications qui au final détournaient l'auditeur potentiel d'excellents albums. Dans ce même article Lester Bangs écrivait : « Son second collage sonore
Taking Tiger Mountain (By Strategy), était d'une complexité infinie, qui pullulait de tant d'inspirations jamais entendues qu'il faudra peut-être
dix ans avant que le rock ne le rattrape ». Lire la chronique
Une chronique livre en complément :
NICK DE VILLE, ALBUMS : CRÉATION GRAPHIQUE ET MUSIQUE (2004). Traduit de l'anglais par Pascal Aubin, ce très beau livre décortique
l'évolution de la pochette de disque sur sept grandes périodes, la première démarrant en 1878. Chaque analyse de période est agrémentée de courts
chapitres de synthèses historiques ou biographiques de graphistes et studios qui ont marqué leur époque. Lire la chronique